« En tant que jeune femme, je dirai que ce Sommet a permis d’épanouir mes idées et de pouvoir les partager avec les autres , de pouvoir avoir une approche genre dans les débats, de pouvoir proposer une démocratie et une bonne Gouvernance inclusives de toutes les couches sociales y compris bien sur les femmes » Dixit Kadidiatou Tarpaka du Burkina Faso (BF).
Débuté le mardi 28 juin 2022 à Accra au Ghana, le Sommet des jeunes dénommé Sommet sur la Démocratie et les transitions politiques en Afrique : ‘ Amplifier la voix des jeunes pour un changement’ a refermé ses portes le mercredi 29 juin 2022.
Cette rencontre de 48h qui a regroupé plus de 80 jeunes venus des différents pays de l’espace CEDEAO leur ont permis de faire des recommandations et de revenir sur les questions de bonne Gouvernance et de Démocratie.
Kadidiatou Tarpaka du BF pense que ce Sommet a été particulièrement important pour elle « ca été un espace d’échanges, de partages d’expériences entre les jeunes de l’ espace CEDEAO qui se sont retrouvés pour parler des problèmes qui les concernent, des problèmes cruciaux que nous avons en ce moment dans la sous-région concernant les questions de Gouvernance , de Démocratie.
Je pense que ce Sommet a permis à la jeunesse africaine de pouvoir s’exprimer directement avec les acteurs clés de la CEDEAO leurs préoccupations ».
En ce qui concerne les recommandations, la leader burkinabé est revenue sur les plus essentielles : « Il s’agit de veiller à l’effectivité des recommandations que nous avons eues ici à énoncer dans le Communiqué de la jeunesse, de veiller à implémenter davantage le Protocole sur la bonne Gouvernance dans les espaces, de veiller à créer des espaces pour la jeunesse afin de pouvoir lui permette d’exprimer ses préoccupations , d’exprimer aussi les stratégies pour une meilleur gouvernance dans la sous-région , de créer des plateformes intergénérationnelles afin de permettre aux dirigeants et leaders politiques, à la jeunesse d’avoir une tribune d’échanges avec l’ancienne génération ».
Kadidiatou a en outre souligné qu’une fois retournée au pays, elle fera le résumé de ce qui a été dit au Sommet et d’adopter de nouvelles stratégies autour « parce que lors du Sommet, il a été relevé que les formes activismes que nous avons actuellement dans la sous-région ont montré leurs limites. C’est de réfléchir maintenant et de penser la stratégie d’activisme des jeunes dans la sous-région. Donc, on va s’atteler à construire des projets, des initiatives autour d’une nouvelle forme d’activisme en Afrique de l’Ouest ».
Tout comme Kadidiatou, Emile Bella, consultant en développement international et activiste social est revenu sur les recommandations qui sont : La nécessité de création d’une cour régionale de justice pour faire face aux différents changements anti constitutionnels, la nécessité de promouvoir un dialogue intergénérationnel de sorte à pouvoir échanger les perspectives et pouvoir apprendre auprès des décideurs, la nécessité de renforcer la participation politique des jeunes notamment à travers les partis politiques de sorte que les jeunes puissent prendre des responsabilités dans les partis politiques au sein de leurs pays aux postes électifs, la nécessité de pouvoir assurer une autonomie évidente des pays membres et aussi de l’organisation régionale de la CEDEAO à travers la mobilisation des ressources internes pour ne pas forcement attendre l’aide extérieure afin de mettre en œuvre les politiques de la CEDEAO « La plateforme a été créée. Nous allons repartir avec l’assurance que nous avons déjà engagé des débats, nous devons continuer le travail que nous avons commencé ici, nous devons aller plus loin de ce que nous avons vu ici et faire en sorte que les recommandations faites puissent s’étendre à d’autres pays ».
Emile qui reconnait que ces deux jours de rencontre leur ont permis de pouvoir discuter des questions relatives à la Démocratie et à la participation des jeunes , est satisfait puisqu’il repart avec l’assurance que les jeunes peuvent contribuer à apporter des solutions à la cessation des coups d’Etats dans la zone ouest-africaine ; contribuer à gérer ces questions anti constitutionnelles et les coups d’Etats et à la promotion de la Démocratie.
D’autres participants se prononcent.
Pour Salématou Camara de la Guinée Conakry, cette rencontre a été fructueuse pour elle « nous avons évoqué ce que la CEDEAO est en train de faire pour ses 15 membres à savoir les Protocoles et nous devons partagé les informations à nos paires (qui n’ont pas eu la chance comme nous de prendre part à cette rencontre) ici reçues une fois retournés aux bercail ; je suis vraiment très heureuse d’avoir participer à ce Sommet qui m’a permis de partager des expériences avec d’autres pays membres et acquérir encore des connaissances ».
Arrivée au pays, je partagerai l’information reçue à travers les réseaux sociaux en sensibilisant afin que les Guinéens sachent que la CEDEAO n’y est pour rien puisqu’on l’avait accusée, a-t-elle dit « nous n’avions pas compris que cette Institution se battait pour nous et au sortir de ce Sommet, j’ai compris qu’elle a fait beaucoup pour mon pays »
Boureima Solo, journaliste bloggeur du Mali quant à lui, a confié avoir appris beaucoup sur la CEDEAO « sa Gouvernance, sa Charte, son Protocole additif qui parle de la Gouvernance et de la Démocratie : ces deux notions sont très importantes pour les pays comme le Mali qui vivent des transitions critiques. Comme vous le savez, le Mali vit depuis aout 2020 une transition politique suite au coup d’Etat contre le régime d’Ibrahim Boubacar Keita .Donc, ce Sommet nous a permis de bien s’imprégner des mécanismes qui existent au niveau de la CEDEAO afin que la démocratie et la gouvernance soient à la hauteur des attentes des jeunes (qui ont relevé certaines insuffisances qui font que les présidents une fois élus, ne respectent plus les règles ni les textes allant dans le sens du respect des mesures prises par la CEDEAO) ».
C’est au vue de tous ces manquements, que Boureima a souhaité que la CEDEAO soit une CEDEAO des populations et non une CEDEAO des chefs d’Etat « pour cela, les jeunes ont proposé et la meilleure proposition que je retiens, est l’institution d’une Cour Pénale à la CPI en Afrique pour que tout président qui s’entête à mener le pays dans un chao pour son propre intérêt puisse demeurer devant cette cour pour être jugé. Nous savons que cette recommandation ne passera pas à la rencontre des chefs des Etats, mais, si les sociétés civiles arrivent à faire un bon Plaidoyer, je crois que cela fera tache d’huile et les présidents relâcheront plusieurs fois avant d’agir ».
Farida Moustapha du Togo, représentante de Youth For Peace du WANEP (réseau ouest africain pour l’édification de la paix) Togo, a pu retenir selon ses dires que les différents leaders ont une lourde responsabilité ; ils ont encore énormément des choses à faire « nous en tant que jeunesse, en tant que jeunes qui prenons de plus en plus conscients, nous avons des responsabilités et une partition à jouer , il ne suffit pas seulement de crier sur tous les toits que les chefs d’Etats ne remplissent pas leurs rôles, mais en tant que jeunes, nous devons mener des actions, prendre des initiatives afin d’apporter le changement à notre petit niveau avant de pouvoir également espérer un changement au sommet ».
Et parlant d’actions, c’est d’apporter d’abord les informations qu’on a reçues au cours de ce Sommet à d’autres jeunes qui n’ont pas pu faire le déplacement , a-t-elle poursuivi « on est le point focal aujourd’hui entre les autres jeunes de nos pays et les organisateurs de ce Sommet. C’est la raison pour laquelle nous allons véritablement apporter l’information, venir leur expliquer comment ces mécanismes se passent (on a évoqué le Protocole de 2001) et au-delà de ça, on continuera à mener des Plaidoyers afin de résoudre certains problèmes et également continuer à mettre en place des ateliers de discussion qui permettront d’outiller et surtout d’éveiller la conscience de la jeunesse de nos pays respectifs ».
Pour Moumouni Dialla président du conseil national de la jeunesse du BF, le Sommet a été une rencontre qui avait un objectif bien précis « comment présenter la convention qui est en cours d’élaboration qui vise à renforcer les Démocraties, la bonne Gouvernance et lutter contre les différentes crises qui sévissent dans notre sous-région et surtout l’ Afrique ».
Moumouni a cependant déploré la manière de procéder aux sélections des participants « quand vous voulez parler d’un tel sujet qui concerne les Etats, il faut bien passer par les différents pays qui ont déjà des dispositifs qui existent en matière d’organisations des jeunes.
Précisément au niveau Afrique, il y’a une structure représentative des jeunes ; c’est vrai que je suis là, mais je constate que la plupart des responsables des pays n’ont pas été touchés et cela ne peut pas permettre la pérennisation de ce que nous sommes en train de faire ici ».
Ibrahim du Niger a pu retenir que les difficultés existent un peu partout par rapport aux questions de Démocratie et de bonne Gouvernance et selon lui, y’a beaucoup de choses à faire.
Pour Jessy du Ghana qui pense que la jeunesse n’est pas l’avenir mais le présent, a prôné pour l’inclusion de la jeunesse dans toutes les sphères de décisions.
Kouamé Jean Marc Hovi de la Cote d’Ivoire qui a salué la tenue effective de cette rencontre constructive selon ses propos a lui aussi retenu que tous les pays de la CEDEAO ont quasiment les mêmes problématiques .
Il a promis en outre de rendre compte à la jeunesse, de rendre compte aux organisations de la jeunesse des propositions faites ici au cours de ce Sommet et de conclure que ces propositions ne doivent pas rester des vains mots « si nous avons pris des décisions qui sont d’ordre régional, qu’on puisse les appliquer au niveau national , les mettre en lumière dans les programmes d’actions de nos activités qui vont réunir toutes les parties prenantes, les sociétés civiles, les acteurs politiques et institutionnels ».
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