La femme occupe une place très importante chez les Touaregs et en aucun cas ses droits ni sa dignité ne sont bafoués. En effet, contrairement à d’autres cultures qui ne permettent pas à une femme de prendre une décision quelque soit la raison( même au péril de sa vie ; la femme doit être soumise et doit tout accepter pour ne pas offenser sa famille), la culture Tamashek qui prône pour les droits et le bien-être de la femme, son épanouissement total, quant à elle, ne trouve pas d’inconvénients si toute fois la femme se décide à demander le divorce sans raison évoquée (puisque la communauté ne cherche pas à savoir et ne souhaite pas s’impliquer dans sa vie. Pour elle, si la femme décide de se séparer de son bien aimé, c’est qu’elle a des raisons).
Grace à la secrétaire générale de Tin-Hinan, Saouadata Aboubacrine, nous avons pu assister aux festivités d’un divorce demandé par une femme qui n’a pas voulu donner les raisons de sa séparation.
« Il y’a plusieurs raisons de divorce : Soit la femme ne respecte pas son mari ; soit elle a un amant dehors au vu et au su de son mari (en ce moment, c’est lui qui demande le divorce) et de tout le monde ; soit elle n’aime plus son mari et ne le supporte plus ; soit elle a besoin de changer d’environnement » dixit Boubacar Cissé Hamit de nationalité touareg.
Le dimanche 14 août 2022, nous assistâmes au91ème jours de divorce d’une jeune femme Touareg qui a préféré garder l’anonymat et les raisons de son divorce. Ce jour ; qui est un jour symbolique, marque la séparation totale de cette femme de son mari, d’où des festivités accompagnées de musiques et de danses (il faut noter aussi que la nouvelle divorcée tout comme à son mariage, était entourée de ses filles d’honneur).
« Le samedi 13 août 2022 était 90 jours de divorce et aujourd’hui dimanche 14 août 2022, nous sommes au 91ème jour de divorce et c’est le jour que la divorcée fête ; ce qui signifie qu’elle se sépare définitivement de son conjoint et s’il y’a des prétendants, la divorcée choisit celui qu’elle veut » Dixit Boubacar.
Et parlant de prétendants, la divorcée peut se retrouver souvent face à plusieurs prétendants, a-t-il poursuivi « souvent, elle se retrouve face à plusieurs prétendants. Et lorsque le choix est fait, la cérémonie de fiançailles est organisée la même nuit. En ce qui concerne la mariée, elle ne rejoindra son mari qu’après paiement total de sa dote par ce dernier. Et si le mari s’acquitte complètement de sa dote, intervient l’union entre les deux qui peut se faire de façon simple et sobre ou de façon grandiose ».
La dot varie très souvent.
La dot varie et peut être soldée soit par une somme d’argent (500000Fcfa par exemple), ou par trois ou quatre chameaux et cela dépend des moyens du nouveau mari a précisé Boubacar « tu peux aussi donner la moitié de la somme ou des animaux demandés et lorsque tu t’acquitte de ta dette, c’est à toi de déterminer le jour de ton mariage et on appelle cela « AZLEY » en Tamashek qui signifie qu’aujourd’hui, tu veux venir prendre ta femme chez ses parents et l’emmener chez toi dans ta famille. Il se trouve qu’il y’a des prétendants qui payent cash et s’ils le font sur le champ, le mariage ne tarde pas puisqu’il leur suffit seulement de déterminer le jour qui les convient (et ils peuvent faire le mariage le jour même de la dot). Que le prétendant arrive ou pas à s’acquitter totalement de la somme demandée, une fois qu’il y’a accord entre la divorcée et lui, elle devient immédiatement sa femme au vu et au su de tout le monde en attendant le jour de leur union ».
Pourquoi 90jours de mariage !
« 90 jours de divorce, parce que dans les 90 jours, les deux peuvent changer d’avis et se remettre ensemble. Une autre raison, comme on ne sait pas si la femme en divorçant est enceinte (et c’est une cause de non divorce puisque le mari a l’obligation de s’occuper de la femme jusqu’à son accouchement et peut-être aussi qu’ils peuvent changer d’avis et rester ensemble à cause de l’enfant ) » a souligné Boubacar et de conclure « Si à l’issu des 90 jours, il n’ya toujours pas de changement, ce qui veut dire que le divorce est consommé et chacun est libre de refaire sa vie comme bon lui semble (NB : pendant les 90jours de séparation, l’homme a l’obligation de s’occuper de sa femme jusqu’à séparation totale) ».
À peine la cérémonie de divorce (consommé) terminée, que Abdoulaye Dicko, artisan au SIAO (salon international de l’artisan) de Ouagadougou se prononce puisque selon ses dires, la jeune fille est très belle et est de la même ethnie que lui : Touareg.
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