Maître de recherche (au centre national de la recherche scientifique et technologique à l’institut des sciences et sociétés et au département socio-économique, anthropologie et développement), anthropologue, Jocelyne Vokouma est l’une des Féministes qui a aussi animé le panel autour du Féminisme, Paix et Sécurité le vendredi 31 mars 2023,3ème jour de la 1ère édition du Festival des Féministes.
Elle est revenue entre autres sur la 1325, les causes et motifs des femmes qui s’enrôlent au terrorisme et a fait une lecture sur la décision du recteur de Koudougou concernant l’interdiction des enfants des étudiantes dans les salles de cours.
Féminin Actu (F.A) : Pouvez-vous revenir sur le panel relatif à la Paix et Sécurité au Burkina Faso (BF) ?
Jocelyne Vokouma (J.V) : Le panel a abordé plusieurs aspects relatifs à l’implication des femmes à la Paix et à la Sécurité en visant la Résolution des nations unies (la résolution 1325) qui a encadré également cette thématique autour de l’implication des femmes , la protection, et la défense des Droits de la femme qui passent principalement par la dénonciation « Pour le cas de femmes violées, si une femme violée dans son pays ne gagne pas gain de cause parce que son bourreau n’a pas été arrêté ou parce que l’auteur du viol n’a pas été poursuivi, mandat est donné à tout pays d’engager cette poursuite forcement. Pour dire qu’au nom de cette Résolution, l’auteur d’un viol ne peut plus échapper à la sanction. Nous avons essayé de comprendre si les femmes sont vraiment impliquées dans les actions de médiation et d’encadrement pour cette recherche de la Paix et cela s’avère qu’on les voit plus dans la sensibilisation que dans des actions stratégiques de recherche de Paix et de médiation. La Résolution consiste à les impliquer davantage conformément à la Résolution 1325 des nations unies.
(F.A) : Parlant de la Résolution 1325, on voit qu’en temps de conflits, ce sont les femmes, les jeunes enfants qui sont les plus touchés. Cependant, depuis un certain temps, nous remarquons que les femmes qui étaient des actrices passives sont devenues des actrices actives, et en tant que Féministe, quelle lecture faites-vous par rapport à cette situation et que pouvons-nous faire pour éviter cela ?
(J. V) : C’est de comprendre pourquoi les femmes deviennent des actrices actives, c’est de comprendre pourquoi c’est arrivé. Un de vos confrères de RFI, Alain Foka a déjà animé un débat public sur cette thématique avec des jeunes à Niamey au Niger. Si vous cherchez chaque fois à brimer la femme, à la soumettre, on refuse de lui reconnaitre ses Droits, de l’impliquer, sur le poids de la frustration, elle ira s’engager dans la voie du mal pour affirmer son leadership « vous comprenez ? Tant que la société tend à les écraser, à les traiter comme des moins que rien, à les inférioriser (ce qui est l’objet de tout le combat Féministe), les femmes chercheront maintenant dans les dynamiques nouvelles des voies et moyens pour s’affirmer et affirmer leur leadership. Une femme à la maison, ne parait pas être quelque chose. On peut dire même qu’elle est comme rien malgré ce qu’elle vaut et dès qu’elle se range où elle se fait enrôler (porte une cagoule avec une arme), elle démontre de quoi elle est capable. Donc, de cette façon, il faut repasser par le même canal pour la convaincre d’un retour éventuel, mais, il faut que la société fasse l’effort de faire de la place, d’avoir de la considération pour les femmes ».
La femme est importante : la tradition a prévu des dispositions pour qu’elle soit bien traitée, mais dans la réalité, les femmes subissent « Est-ce-que les gens peuvent ouvrir les yeux pour comprendre que le Mouvement Féministe fait l’effort d’amener la société à être le plus juste possible envers ces enfants qui sont sensés être des garçons et des filles, des hommes et des femmes ? Vous voyez ? Si non, elles savent très bien que ce n’est pas la solution (parce que la douleur que vaut l’enfantement est plus que tout ce qu’elles peuvent subir ; mais la société s’en-tête et cela dépasse une question de volonté politique.
Une autre préoccupation à aussi prendre en compte, est le poids de la tradition puisqu’il y’a des gens qui abusent de cette tradition pour écraser la femme. Comme elle n’est pas un animal, à un moment donné, elle en aura forcément marre (à ce niveau aussi, c’est la société qui va trouver les canaux nécessaires pour la ramener dans une dimension de Bien, dans une dimension de Paix, parce que si les jeunes déjà qui sont plus de 60% de la population et les femmes qui sont plus de50% de la population se révoltent contre la société, il n’yaura ni société ni Paix et c’est dans cette situation nous sommes actuellement. Donc, il faut aussi que les gens fassent l’effort d’être tolérants et d’accepter la personne de la femme comme une personne à part entière comme celle de tout autre individu dans la société et vous verrez que la société marchera sur ses deux pieds, la société sera stable et nous aurons la Paix ) ».
(F.A) : Par rapport au problème de l’université de Koudougou, avez-vous un mot à dire ?
(J. V) : Ce n’est pas seulement l’université de Koudougou qui est concernée, mais toutes les universités du Burkina Faso (BF) ; pour Ouagadougou, est pire. Le problème, c’est quoi ? comment comprenez-vous que des jeunes couples comme nos étudiants ne peuvent pas dialoguer pour retarder un peu la naissance d’un enfant le temps que chacun finisse son diplôme ? C’est un problème de communication entre les jeunes couples. C’est le fond du problème et si cela n’est pas résolu, ce n’est pas la crèche qui va résoudre le problème parce que si la jeune étudiante tombe enceinte dans un laps d’un mois (puisqu’il y’a des femmes qui ne font pas de retour de couches après leur accouchement), c’est que le problème n’est pas résolu. La crèche peut être là et le problème demeure. Donc, cela veut dire que la jeune génération ne fait pas l’effort de résoudre ces problèmes avant de s’engager « nous demandons que l’âge du mariage soit retardé, que les filles retardent le plus l’âge de la 1ère grossesse afin d’atteindre un minimum d’objectifs avant de s’embourber parce que nous ne comprenons pas cela ; nous avons été toutes des étudiantes et une fois que tu es mariée, tu perds forcement une partie de ta liberté. Cela a été un combat Féministe ».
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