Ouvert le mercredi 25 octobre 2023, le 1er Congrès sur la conservation des peuples autochtones et des communautés locales a refermé ses portes le vendredi 29 octobre 2023 à Windhoek, capitale de la Namibie.
C’est Alain Fréchette, directeur de l’analyse stratégique et de l’engagement mondial chez RRI (l’initiative des droits et ressources), qui a prononcé le discours d’ouverture de la discussion. Il a déclaré : « Partout en Afrique, les peuples autochtones, les communautés locales – et en particulier les femmes et les jeunes au sein de ces groupes, n’ont jamais été aussi bien placés, organisés et coordonnés pour défendre et réaliser leurs droits fonciers et leurs droits de subsistance. »
Les participants ont eu l’occasion de faire un retour sur eux-mêmes le troisième et dernier jour du Congrès. Des représentants de cinq régions africaines ont analysé les développements dans chaque région depuis l’Appel à l’action et la Déclaration de Kigali et ont élaboré une feuille de route pour l’AICA (l’Alliance des peuples autochtones et des communautés locales pour la conservation en Afrique)
La journée a débuté par une danse traditionnelle de la communauté Samburu du Kenya. Et c’est Basiru Isa du REPALEAC qui a ouvert les conversations « Nous devons poursuivre et renforcer ce dialogue. Être ensemble est notre victoire ».
Les participants de chaque région ont eu l’occasion de se connecter avec leurs pairs des pays voisins et de discuter des progrès et des défis depuis l’APAC en 2022.
« La vision de l’AICA est d’avoir une voix plus large et unie des peuples autochtones et des communautés locales de l’Afrique de l’Est à l’Afrique et dans le monde, qui peuvent mobiliser et collecter des fonds pour des projets de conservation communautaire, le renforcement des capacités et la création de chapitres par pays pour développer plans d’action », a déclaré Loupa Pius, leader de la jeunesse pastorale et coprésident de la Coalition des organisations de la société civile pastorale (COPACSO) de l’Est et de la Corne de l’Afrique.
Les participants d’Afrique de l’Ouest ont partagé leurs réalisations depuis 2022 et sont revenus sur des exemples , tels que celui de la Sierra Leone, où une conférence nationale d’une journée sur la conservation et l’environnement a abouti à un projet de stratégie et de plan d’action pour la biodiversité en attente d’approbation nationale.
Mary Ama Kudom-Agyemang, présidente de la Commission foncière régionale de Bono Est et directrice exécutive de la Plateforme médiatique sur l’environnement et le changement climatique (MPEC) au Ghana a mentionné les cas du Bénin, du Libéria et du Ghana, où les gouvernements ont intensifié les discussions nationales autour de la reconnaissance des peuples autochtones dans la conservation.
Et pour ce qui est de la vision ouest-africaine autour de l’AICA, elle a souligné : « Nous voulons inclure la vision de l’Alliance dans l’Initiative Convergente pour les Forêts créée par la CEDEAO et garantir que les voix des peuples autochtones soient entendues. »
Les représentants de la région Afrique centrale de sept pays (Burundi, Cameroun, République du Congo, Gabon, RDC, Rwanda et Tchad) ont partagé une longue liste de projets intégrant une collaboration multisectorielle entre les gouvernements, les communautés et les acteurs internationaux du développement. Les principaux développements dans la région comprennent le premier Forum des femmes des communautés autochtones et locales qui s’est tenu à Brazzaville en avril 2023 et la diffusion de la Déclaration de Kigali auprès des peuples autochtones et des gouvernements de toute l’Afrique centrale.
« Notre ambition avec l’AICA est d’avoir des peuples autochtones et des communautés locales fortes en Afrique avec une seule voix et un cadre de coopération. Pour l’instant, nous rapporterons les résultats de ce Congrès à nos communautés et continuerons à soutenir le renforcement de nos réseaux », ont-ils dit.
Le Dr Rodgers Lubilo du CLN d’Afrique australe a présenté la vision de sa région pour l’AICA. Il a mentionné que l’Alliance doit responsabiliser ses membres, canaliser les ressources et soutenir les projets menés par les communautés aux niveaux régional et national « Nous devons développer un front uni promouvant un espace pour les femmes et les jeunes et soulever les problèmes collectivement. Cela inclut le soutien aux communautés dans la participation aux réunions internationales, en particulier en cas de barrières linguistiques », Belkacem Lounes de la Communauté Amazighe d’Afrique du Nord d’ajouté : « Notre langue, notre éducation et notre gouvernance sont toutes liées à la conservation. »
Pour la communauté amazighe d’Afrique du Nord, il faut améliorer la coordination et le partenariat « Lorsque vous allez dans n’importe quel village d’Afrique, vous constaterez un certain niveau de conservation ».
« Les peuples autochtones et les communautés locales ont organisé cet espace, créé leur propre agenda et réuni 43 pays sur 54 en Afrique. Des pays à travers tout le continent discutent avec les donateurs et les ONG de ce qui peut être fait pour tirer parti des initiatives communautaires de conservation », a ajouté Kipalu.
Ces discussions avaient pour objectif de partager des plans et des stratégies pour soutenir la conservation communautaire par les donateurs et les alliés des communautés. Il comprenait des représentants de l’UICN, du Fonds Christensen, de la Coopération allemande au développement (GIZ), de Nature Finance et de la Rainforest Foundation Norvège.
C’est pourquoi, depuis 2018, nous avons réajusté notre mission et notre vision pour soutenir les PA (peuples autoctones) et les CL (communautés locales) », a précisé le Dr Hassan Roba du Christensen Fund. « Nous avons quatre programmes qui soutiennent les droits fonciers des Africains. Pour nous, la conservation est une question de connexion holistique, d’intégrité territoriale qui soutient les droits fonciers, l’environnement et la culture des populations ».
Le discours de clôture a été prononcé par l’honorable Royal Johan Kxao IUiloloo, vice-ministre des communautés marginalisées de Namibie, qui a assisté à chaque session du Congrès par une reconnaissance de la sagesse ancestrale des aînés autochtones : « Les peuples autochtones et les communautés locales proches des zones de conservation comptent parmi les personnes les plus pauvres. Je dis que cela dépend de nos pays respectifs de changer cette réalité. « En tant que gouvernement, nous vous écoutons et nous avons besoin de votre soutien et de votre expertise dans cette voie. ».
À l’avenir, le comité directeur de l’AICA prévoit de créer une feuille de route de l’Alliance compilant les recommandations et les visions des participants de chaque région. Cette feuille de route guidera également le prochain Congrès, qui sera annoncé dans les prochains mois.