Le Tendé : Une des pratiques traditionnelles de guérison dans la culture touarègue.

INDIYA AHAMOUDOU ( venue du Niger) avec le Tendé.

Le Tindé soigne et prévient plusieurs types de maladies. La santé n’est pas l’absence de maladie ; il faut aussi faire de la prévention. Le fait de se rassembler, de jouer au Tindé, on se sent bien. Ce sont les maladies surtout mentales ou spirituelles qu’il soigne et on sait que nous avons une approche holistique de la santé : Si ma santé spirituelle et mentale convient, c’est que ma santé physique va aller. Le Tindé est vraiment très important dans nos communautés , c’est surtout l’affaire des femmes et c’est important pour nous de le  promouvoir  , aussi de nous préserver et  à travers la recherche, on fera ressortir l’importance du Tindé pour la santé des humains et  les éléments par lesquels le Tindé est fait sont des éléments issus de la terre »Dixit Mariam Wallet Aboubakcrine , Co principale chercheuse du projet de recherche Ärramät (produit du projet pilote dans lequel on a le projet Tindé ou Tendé),Coleader qui codirige avec les communautés  la recherche par les communautés et pour les communautés.

Le chef à gauche,AG WAKASS Abdou Nasser, INDIYA AHAMOUDOU, AZAIDET,Mariam Aboubakcrine, Jacqueline, Liliane Compaoré,Aghati Ziniabou,et la Communauté TOUKABANGOU

Tindé ou Tendé (pour parler de la fonction du mortier) ou Taschidjalt (cette différence d’appellation est une variante suivant la partie du terroir touareg où l’on se trouve. Vous entendrez la dernière appellation surtout chez les Kel Ataram), est un instrument qui est joué principalement chez les Touaregs avec et par les femmes et on rencontre différentes manières de le pratiquer selon les explications de Mariam « Il y’a le Tindé qui se pratique à but récréatif ; aussi est-il pratiqué à but thérapeutique (nos activités récréatives et culturelles contribuent à la santé ; ce sont toutes ces questions qu’on va affiner dans le cadre de l’enquête qu’on a avec la communauté,  et nous sommes en train d’administrer notre questionnaire en même temps  que nous menons cette activité ».

L’équipe des chercheurs.Nacer( à l’extrême gauche)et Mariam sont de l’équipe de recherche, Mme Sanou( en voile) est chercheuse au ministère de l’environnement du BF et Saoudata ( à l’extrême droite)la collaboratrice et membre de la communauté.

C’est vue l’importance du Tindé  fait à base de mortier (issu du bois), de la peau de chèvre (utilisée le plus souvent qu’on humidifie avec de l’eau et rattachée avec des cordes  (qui sont faites avec de la peau d’animal, tout est fait à base d’éléments traditionnels, d’éléments issus de la biodiversité), que l’association Tin -Hinan en collaboration avec Tin- Hinan Sahel et les diverses communautés des Kel Tamasheq ont organisé un atelier de méthodologie de recherche ( les initiatrices dudit projet se sont réunies  entre enquêteurs , chercheurs de la communauté pour s’entendre sur la méthode  et le questionnaire de recherche qu’ils utiliseront ) en santé du 27 au 29 octobre 2024 dans l’enceinte de la dite association à Ouagadougou.

Cette activité entre dans le cadre du Projet pilote Ärramät ; un projet qui couvre plus de 14050 projets locaux dont certains au Burkina Faso (BF), au Mali. Au Burkina, elles ont  eu à travailler sur une étude dénommée « État des lieux de connaissances autochtones des sites de Banguidikoghro ainsi que les raisons d’accès à l’eau au niveau des sites où il ressort qu’il y’a un besoin criard de disponibiliser de l’eau pour les peuples autochtones (Les peuples autochtones sont des peuples qui vivent avec la nature qui leur donne à manger, leur bien-être et ils tiennent tellement à cette nature) » a précisé Minata Sanou, agente au ministère de l’environnement.

Minata Sanou du ministère de l’environnement

Le dernier projet a duré deux ans (et tire vers sa fin) et Minata reconnait qu’elles sortent vraiment formées, aguerries puisqu’elles ont pu partager de bons moments avec l’équipe et pour la 1ère étape de ce projet, elle se réjouie vraiment des acquis et espère continuer ce projet.

Dans la communauté des Kel Tamasheq, avant toute cérémonie, la communauté doit avoir une cérémonie spirituelle suivi d’un repas traditionnel Touareg , la communauté a ensuite dansé au rythme de ce précieux instrument joué par les femmes a souligné Mariam et de poursuivre qu’il y’a différentes manières de jouer au Tindé.

Mariam au milieu entourée de INDIYA AHAMOUDOU à gauche et de Azahidate à droite

Le Projet porte sur le Tendé qui est le Cœur du projet de recherche.

L’équipe de recherche selon Mariam, s’intéresse à comment il est joué, comment il est fabriqué, comment cette pratique peut continuer( Faut-il des écoles formelles), comment stimuler les jeunes à s’intéresser à cette tradition et surtout en quoi ce Tindé contribue- t-elle  à la guérison spirituelle et mentale, aussi, comment on peut transmettre le  Tindé « Parce que ce n’est pas n’importe qui  , qui le  joue et il a fallu qu’on déplace nos sœurs du Niger afin qu’elles nous partagent ce savoir ».

La poudre qui sert au maquillage des femmes, à la protection de la peau du Tendé

Les sœurs nigériennes se prononcent sur le Tindé.

Pour Azahidate Ahmedou danseuse de Tendé, le Tindé est son identité, elle sent son peuple, ce qu’elle est et cela lui rend heureuse et bien et depuis sa naissance, elle a toujours vécu avec le Tindé, elle sent un grand plaisir lorsqu’elle danse le Tindé.

Azahidat AHMEDOU

Le Tindé fait partie de son identité, de ce qu’elle est. Et chez elle, quand on le joue, on a la chair de poule puisque les gens qui le dansent ou qui l’écoutent, rentrent en transe ; c’est une grande affaire chez eux.

Pour l’autre sœur Nigérienne ( INDIYA AHAMOUDOU)qui joue du Tendé, a confié se sentir bien, à sentir son corps lorsqu’elle joue avec cet instrument sans oublier qu’il soigne aussi.

Indiya AHAMOUDOU

Celle qui joue avec cet instrument depuis une quinze ans environ , fait partie des femmes initiées dès leur bas-âge et c’est à partir de quinze ans, qu’elles sont habilitées à utiliser cet instrument « c’est à partir de ce moment qu’elles formulent des chansons pour accompagner le Tindé et c’est à ce moment que ces chansons ont du sens (c’est tout une composition qui va avec le Tindé) ».

On peut aussi passer par le Tindé pour interpeller ou sensibiliser une personne qui a fauté ou déclarer son amour à quelqu’un.

Des pas de danse de la Communauté TOUKABANGOU.

« Si une personne veut te faire du mal, tu peux aussi passer par le Tindé pour l’interpeller ou lorsque vous êtes amoureux d’un homme et vous voulez lui exprimer vos sentiments, vous pouvez chanter et vous exprimer à travers le Tendé. Vous pouvez aussi vous exprimer même si la personne a voyagé : le Tindé vous accompagne dans ce moment d’absence de la personne. À travers le chant, on peut punir une personne pour la contraindre à stopper ce qu’elle fait comme mal en lui faisant mal. Si tu fais de bonnes actions, on le chante à travers le Tendé ou si tu te comportes mal aussi, on va te le dire en chantant et c’est ce qui concerne la punition », a-t-elle conclu.

benedicteoued@gmail.com

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