Débuté en février 2019 et qui tire vers sa fin (décembre 2024), le projet d’agriculture contractuelle et transition écologique (PACTE) mis en œuvre sous la tutelle de la direction de l’économie rurale (DGPPER) du ministère de l’agriculture, est sous la supervision d’un bureau de conseil SOFRETO (une société française recrutée en fin 2018) dirigé par Lucien Rossignol, Chef de mission et gestionnaire du PACTE.
C’est pour une question de redevabilité et de visibilité des actions menées, que le PACTE a décidé d’organiser une caravane de presse (regroupant les médias privés et publics issus de la presse en ligne, de la presse écrite, de la télévision et de la radio) du 14 au 26 octobre 2024 et cette caravane a pu voir de visu l’impacte du PACTE dans les régions du Centre, du Centre-Est, du Centre-Ouest, de la Boucle du Mouhoun et des Hauts-Bassins.
Rossignol se réjoui puisque pour lui, le PACTE a été positif pour le Burkina Faso (BF) ; il a permis d’intervenir à une si grande échelle les principes d’agriculture contractuelle et de tout ce qui touche à l’agroécologie « Le PACTE a touché un grand nombre de producteurs (près de 100000producteurs) et en termes de ressources financières, d’ici à la fin du projet, on aura dépensé auprès des bénéficiaires environs 20milliards de FCFA qui ont bénéficié à la fois à des producteurs et leurs OP (organisations paysannes) et à leurs acheteurs » et de poursuivre qu’ils entretiennent d’excellentes relations avec le ministère de l’agriculture « Je collabore avec une quinzaine de personnes dont certaines sont issues du ministère de l’agriculture ».
Un appel à candidature a été lancé, ce qui a permis de retenir des OP (organisations paysannes ou productrices ou fournisseurs ou encore vendeurs) et des acheteurs.
Des sous projets ont été sélectionnés (48 sous projets qui sont gérés par des opérateurs de projets qui sont des bureaux d’études d’ONG locales qui ont été recrutés de 2019 à 2021), a-t-il expliqué « Les sous projets qu’on a sélectionnés sont repartis un peu partout au Burkina (une partie étant basée à Ouagadougou, nous avons sept à huit projets basés à Ouagadougou, les autres étant basés dans les différentes régions, une bonne partie à Bobo et également à Koudougou, à Bagré par exemple. À Ouagadougou, il s’agit essentiellement de ce qu’on appelle les acheteurs/transformateurs, les producteurs étant évidemment répartis dans les différentes provinces et communes). Le PACTE intervient dans 152 communes du Burkina même si certaines zones sont difficiles d’accès dû aux problèmes sécuritaires. Le PACTE travaille dans une bonne partie du Burkina. Les producteurs sont répartis un peu partout, les acheteurs étant concentrés dans les agglomérations urbaines (Ouagadougou, Bobo, Bagré, Banfora) ».
Rossignol qui reconnait que d’autres projets sont encore à perfectionner, se dit satisfait quand-même du PACTE qui selon lui, a apporté un certain nombre de choses et l’agriculture contractuelle qui est une démarche à long terme, « il est clair que ce ne sont pas les 3-4 années de mise en œuvre du projet qui seront suffisantes. Il faut que les choses soient poursuivies, maintenues et améliorées pour qu’on puisse dire que l’agriculture contractuelle fait vraiment partie de la façon normale de travailler pour les producteurs et les acheteurs des produits ».
Le PACTE a rencontré plusieurs difficultés.
L’une des difficultés la plus importante, concerne certaines filières notamment la filière maïs « c’était le problème de fixation des prix. Le PACTE est arrivé à un moment difficile pour plusieurs raisons : le COVID en 2020, la guerre en Ukraine en 2022 et en 2019-2020 une très forte augmentation des prix, une très forte fluctuation des prix agricoles en particulier du maïs (les prix du maïs entre 2019-2020 ont plus que doublés au niveau des producteurs ; ce qui a posé des problèmes au niveau des acheteurs. Lorsqu’on est un acheteur et on a signé un contrat d’approvisionnement auprès des producteurs et que dans le cours de l’année au moment où le producteur a semé son maïs et à la récolte le prix du maïs a plus doublé, ça pose évidemment des problèmes de respect de contrat ; les acheteurs qui transforment ce maïs ont des clients en aval qui ne sont pas prêts à doubler le prix d’achat des produits transformés , c’est une des principales difficultés de l’agriculture contractuelle pour certains produits ; problème un peu équivalent avec un produit complètement différent qui est le karité à travers plusieurs projets karité lié au COVID19 ».
L’autre difficulté est le non-respect des contrats (Sur l’aspect contraignant des contrats, les contrats ne sont pas toujours respectés et on a fait différentes études dans ce domaine. Nous sommes actuellement en train de travailler avec la chambre d’arbitrage qui existe au Burkina et qui intervient dans plusieurs domaines et pas dans le secteur agricole et l’idée, c’est de le développer dans le PACTE2 : que la chambre d’arbitrage et de médiation (CARGO) intervienne dans tout ce qui concerne les contrats, ce qui permettra le meilleur respect des contrats et aux acheteurs et producteurs d’être plus sûrs des garanties des respects du contrat) et les appuis à court- partagé « Le PACTE ne finance pratiquement rien sans que les bénéficiaires cofinancent, participent aux financements des actions, aux activités des équipements, des infrastructures et donc il s’est avéré dans plusieurs cas que les bénéficiaires ont du mal à mobiliser leur contribution, ce qui a retardé la mise en œuvre de certains projets ».
L’État burkinabé s’est pleinement impliqué pour la bonne mise en œuvre du PACTE en facilitant beaucoup de choses.
« L’enveloppe financière prévue au niveau de la participation financière de l’État, était de2millions d’Euro soit 1milliards300millions de FCFA. Nous n’avons malheureusement pas eu ce montant » a noté Rossignol.
L’État burkinabé a financé des activités et est surtout intervenu dans la facilitation des relations avec des institutions comme la SONAGESS (une des composantes du PACTE à travers des achats institutionnels (achats faits par des institutions étatiques, semi-para-étatiques avec les producteurs et donc l’Etat a contribué à faciliter et à améliorer les relations entre les producteurs, les OP (organisations paysannes) et les institutions comme la SONAGESS).
L’État burkinabé a également participé à l’élaboration de deux stratégies importantes pour le ministère de l’agriculture que sont les stratégies d’agriculture contractuelle et celles d’agroécologie et c’est dans ces domaines que l’Etat est intervenu de façon étroite avec le PACTE.
Brama Barro, Chargé de suivi du PACTE pour le compte de la direction générale de la promotion de l’économie rurale (DGPPER) se prononce.
« Nous avons parcouru environ trois régions et nous avons vu des investissements sur plusieurs filières et ce que nous retenons, c’est l’intervention du PACTE sur l’ensemble des filières que ce soit végétale ou animale hormis la filière coton. Nous avons vu la filière riz, la filière manioc, la filière maïs, la filière soja, le lait, le karité ; c’est ce qui nous réconforte pour dire que le PACTE est vraiment national et embrasse les filières de notre pays ».
En termes d’acquis, Brama a confié être satisfait du moment où l’approche de l’intervention du PACTE est à la demande « Le PACTE n’a fait qu’exécuter ce dont les bénéficiaires ont réellement besoin et c’est ce que nous avons constaté sur le terrain. Les expressions ont été faites par eux-mêmes et l’exécution par des opérateurs qui ont appuyé la mise en œuvre. Nous avons vu des investissements tant pour les acheteurs que pour les vendeurs qui sont à l’image de leurs expressions
Les besoins de départ sont satisfaits, mais comme on le dit, les défis sont énormes et l’enveloppe est parfois restreinte. Il se trouve que le PACTE intervient aussi pour coût -partagé, peut-être que c’est ce volet coût -partagé qui peut limiter un peu la mise en œuvre de tous les besoins ; c’est ce qui a été exprimé pour le moment ; cependant, nous en tirons satisfaction ».
Les leçons que nous tirons, ne sont pas seulement du côté investissements, a-t-il conclu « Un des 1ers éléments du PACTE, est la contractualisation, tant que les aspects contractualisation de mise en relation entre les vendeurs et les acheteurs ne sont promus, le PACTE ne peut qu’être satisfait.
Les perspectives sont bonnes pour ce qui est du PACTE 2. Cependant, ça reste à l’appréciation de l’autorité suprême, puisqu’on ne peut pas vous dire exactement à quel moment le PACTE 2 sera mis en œuvre ».
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