Don de kits alimentaires et d’hygiène aux personnes vulnérables : IPBF vole au secours des malades mentaux de l’ABASMEI.

Dans le cadre des 16 jours d’activisme de lutte contre les violences basées sur le genre (VBG), l’initiative pananetugri pour le bien-être de la femme  (IPBF), a fait parler son cœur en offrant un don (composé  de 10sacs de riz de 25kgs, de 10 cartons de spaghetti, de 2bidons d’huile de 20L , de 15 seaux de 15l et de 10 cartons de savon) au centre ABASMEI qui est une  association burkinabé pour l’assistance , le suivi et la santé des malades mentaux errants et isolés (ABASMEI) le samedi 30 novembre 2024 dans le village de Tanlargo non loin de l’Université Thomas Sankara.

Ce centre qui a vu le jour le 4 novembre 2011 grâce à la sœur Rosalie Kanzyomo (fondatrice) regorge 80 patients (dont 26 femmes et parmi ces femmes, figure une femme de média qui croule sous le poids de la dépression) et intervient à travers quatre volets a expliqué la sœur Rosalie.

Soeur Rosalie

Le 1er volet concerne le milieu ouvert « Depuis un certain temps, nous intervenons dans les milieux ouverts. Nous sortons et allons à la rencontre des patients ( nous récupérons les femmes et leurs enfants, les hommes), nous leur proposons notre amitié, notre fraternité, nous partageons un peu ce que nous avons avec des kits de nourriture, des objets de gel, de petites toilettes).

En santé mentale, on ne parle pas forcement de guérison ; on parle  plutôt de stabilisation :Depuis que nous intervenons, plus de 900 cas ont été récupérés, accompagnés ici et réinsérés ; nous ne parlons pas de ceux que nous touchons dans la rue, lorsque nous avons ce qu’il faut, on fait de la cuisine, on prépare des kits de nourriture et vêtements (minimum 100kits)  et nous sortons à la rencontre des patients en sillonnant la ville et nous avons touchés plus de 1000personnes, on les habille, on leur fait une petite toilette si c’est possible accompagnées  de petits pansements.

Après le milieu ouvert, le malade mental est accompagné et suivi dans un centre de santé pour les soins intégralement pris en charge par l’association.

 C’est à partir de  2016, année de création de ce centre ( ils étaient en location à Ouagadougou dans les quartiers Saaba et Nimnin), que les patients sont suivis au centre  et lorsque le malade se retrouve après les soins, des recherches sur sa famille sont faites en vue d’une certaine réinsertion «  Malheureusement, au fil des jours, nous avons remarqué qu’il y’avait des réinsertions qui n’étaient pas possibles et on a fini  par créer le centre pour ceux dont il n’ya pas cette possibilité , nous les accompagnons dans le centre jusqu’au jour où  nous arrivons à faire la réinsertion ».

Et après le milieu hospitalier, nous avons la réinsertion et le suivi.

Pourquoi IPBF a porté son choix sur ce centre très particulier qui, malheureusement n’a aucun soutient puisqu’il compte (selon les dires de sa responsable) sur la Providence divine.

IPBF est une organisation qui travaille pour l’épanouissement et le bien -être de la jeune fille et de la femme. Et dans le cadre de sa campagne dénommée « Campagne des 16jours d’activisme contre les violences basées sur le genre (VBG) », IPBF a profité de l’occasion pour traduire son soutien, sa solidarité envers les femmes, les jeunes filles qui sont en difficultés ou qui traversent des moments difficiles. Et comme elle apprécie déjà le travail formidable fait par le centre pour les personnes vivant avec un handicap mental et souvent oublié (centre) comme la plupart  d’autres, elle a décidé de le  visiter  afin de discuter avec les 1ers responsables pour mieux  s’imprégner de l’existant et de voir comment venir en aide à ces personnes vulnérables avec son partenaire technique et financier qu’est le royaume des Pays-Bas « Nous avons pensé aux personnes atteintes de troubles mentaux (qui sont nos frères et sœurs pour les aider à surmonter certaines situations , ces personnes ont besoin d’aide, d’amour, de soutien, de solidarité) , des situations non voulues et c’est de  notre devoir d’apporter notre pensée à leur endroit et notre réconfort.

Nous avons voulu faire cette visite du centre pour également attirer l’attention de la population sur ces cas, ces personnes qui vivent des situations de troubles mentaux pourque tout le monde puisse avoir un regard de solidarité envers elles ».

les pensionnaires du centre.

Le centre mène plusieurs activités et de bonnes volontés comme les médecins, les infirmiers ; les acteurs sociaux, des assistantes et l’attaché en psychiatrie, Bohena (qui est là chaque samedi pour les consultations) les accompagne de façon bénévole.

Le centre mène quelques activités (pour accompagner les patients) comme l’élevage, le jardinage, le tissage, l’agriculture  a indiqué sœur Rosalie« Les beaux pagnes tissés par nos patientes sont à vendre ; on n’achète pas forcément parce qu’ils sont beaux et net, on les achète pour nous encourager ». Le centre regorge de bâtiments ( en gros huit bâtiments )qui accueillent les patients (bâtiments hommes et bâtiments femmes), le centre médical et la cuisine a-t-elle poursuivi et de mentionner la présence de quelques enfants handicapés ( Au nombre de 17 enfants )dont l’âge varie entre 15 à 20 ans, et plus d’une vingtaine d’enfants qui sont des enfants des patientes du centre « et nous travaillons à ce que ces enfants aient une vie meilleure à celle de leurs géniteurs

et ces enfants sont dans des écoles primaires et secondaires  et certains sont placés dans des familles d’accueil ou en institution».

Les patients sont récupérés soit directement dans la rue ou soit directement dans les familles pour les personnes enchainées.

Sœur Rosalie est revenue sur le mode de récupération de ses patients « Il y’a des patients que nous récupérons directement dans la rue et que nous accompagnons soit à l’hôpital Yalgado ou directement au centre si le cas n’est pas trop difficile(ce sont les personnes errantes) et les personnes enchainées dont on a entendu parler .Pour ce qui est des personnes enchaînées, on négocie avec la famille pour essayer de déchainer la personne pour les soins et lorsque ça va, on réinsère la personne et si on trouve que la famille n’en prend pas soin à cause de sa vulnérabilité (famille trop vulnérable), la personne va rechuter, on étudie la faisabilité et la personne reste encore pour un bout de temps au centre.

Il y’a aussi des personnes qui prennent les addictions, les drogues, cigarettes…. Ce sont soit les familles de ces personnes qui nous alertent en nous demandant de les accueillir, soit ce sont les personnes qui sont autour qui nous alertent ».

Le centre accueille tout handicap mental même ceux qui ne sont pas mentaux, toute personne vulnérable. Cependant, la personne qui a permis la récupération du malade, reste une personne référente pour le centre.

« Si vous rencontrez une personne errante (les femmes sont privilégiées, celles qui sont enceintes ou ont des enfants, il faut nous appeler afin qu’on puisse travailler ensemble pour pouvoir la récupérer. Il y’a une qui est venue hier ici ; elle était d’abord intégrée à l’hôpital avant d’être venue là et nous sommes en train de chercher sa famille. Seulement la personne qui nous appelle, demeure référente même si on a retrouvé la famille : vous allez avec nous chercher des voies et moyens pour sa prise en charge.

Des familles enchaînent des malades parce qu’elles n’ont pas d’autres solutions et attendent souvent qu’on vienne leur donner un coup de main. D’autres ont peur que ces derniers ne commettent des dégâts ou commettent l’irréparable. Si la famille nous fait appel, nous lui venons en secours en lui demandant de contribuer (le minimum c’est d’envoyer ce qu’ils ont, ce que le malade utilisait, nous prenons les espèces aussi bien en nature, c’est pour la prise en charge des patient) puisque nous sommes très limités en ressources. Il arrive que le malade récupère et se porte bien et on le réinsère dans sa famille. Malheureusement, il y’a des malades qui ne sont ni accompagnés ni suivis une fois de retour chez les siens et nous sommes obligés de le réintégré au centre », a-t-elle dit.

Le centre est très limité en termes d’accueil et compte toujours sur la Providence divine.

Le centre a huut bâtiments et travaille beaucoup à la réinsertion, si non, il n’allait pas pouvoir contenir les gens a souligné Sœur Rosalie « Dès que nous avons la possibilité de réinsérer la personne, elle est suivie naturellement et ce n’est pas tout le monde qu’on arrive à accueillir puisqu’il y’a beaucoup de demandes. On essaie d’étudier les cas ; il y’a d’autres possibilités de prise en charge et on donne la priorité à ceux qui sont vraiment vulnérables parce que on est là pour ceux qui n’ont personne pour s’en occuper (ceux qui sont errants, isolés ou enchaînés) ».

Pour Sœur Rosalie, la providence joue beaucoup son rôle « Nous n’avons pas les moyens pour mobiliser des ressources ni de partenaires fiables pour nous accompagner. Nous faisons nos plans d’actions en les soumettant à Dieu : il y’a des moments de difficultés où on n’a pas de quoi manger. Cependant, le Seigneur a toujours trouvé le moyen de nous envoyer même si c’est un sac de riz. Nous le remercions puisque nous n’avons jamais dormi le ventre creux. Le Seigneur trouve toujours le moyen de nous soulager même si on estime que ça devra être plus que ça. La quantité de nourriture y est. Malheureusement, la qualité n’y est pas. Préparer pour un grand groupe n’est pas du tout simple. Ce matin, ils ont préparé du to et ce sont les hommes qui ont tourné le to parce que c’est trop lourd, ils ont préparé une sauce feuille. Naturellement, j’aurai voulu qu’on mette un ou deux kg de poissons, de temps en temps de la viande ou du poisson frais. Nous essayons de prendre le poisson sec, le cube Maggi qu’on mélange, conditionne avant de mettre dans nos sauces, pour vous dire que le Seigneur ne nous abandonne pas, on ne peut que lui demander de mieux faire ; c’est bon, mais ce n’est pas arrivé ; c’est pour cela qu’il vous a envoyé. Nous avons été accompagnés par la mairie, l’action sociale et vous savez, de nos jours avec les déplacés internes, ce n’est pas du tout simple. Le Seigneur nous aide avec des aides spontanées et cela fait deux ans que nous avons sœur pour sœur qui nous accompagne ».

La prise en charge est très difficile et   l’État est invité à avoir un regard particulier pour l’association.

Pour Daouada Bohena( bénévole, Attaché en santé mentale vient pour les consultations au centre tous les samedis), l’association récupère les malades errants et isolés depuis que le centre a été créé en 2016 « On continue d’héberger tous les patients que nous rencontrons soit errants ou soit isolés et on arrive par moment à les réinsérer dans leurs familles respectives.

La prise en charge est très difficile ; à part les donateurs, les bonnes volontés qui font des donations, notre État n’a pas vraiment pas un regard particulier pour l’association. Cela fait que la prise en charge est toujours difficile parce qu’il y’a plusieurs volets qui entrent en ligne de compte : les volets médicaments, alimentation, social ; ça fait que nous nous battons avec l’aide des associations, de bonnes volontés pour arriver à avoir des documents pour eux et à les nourrir décemment ».

Daouda Bohena

Toute une histoire autour de la création du centre.

La création de l’association n’a pas été du tout facile, a confié Sœur Rosalie « J’étais allée accompagner une femme à l’hôpital Yalgado (et en son temps, je travaillais avec les femmes accusées de sorcellerie). À la sortie de l’hôpital, j’ai vu un malade mental qui ne pouvait pas se mettre debout en train d’être bastonné par des vigiles de l’hôpital. Leur comportement envers ce malade mental m’a tellement touché puisque j’assistais à une scène sans savoir quoi faire.

Je suis restée longtemps et entre temps, lorsque j’ai commencé à bouger à 12h30, une jeune dame s’est approchée de moi en me demandant si on ne pouvait rien faire pour lui. Nous sommes entrées à l’hôpital chercher un chariot et lorsque nous sommes arrivées pour le prendre, aucune de nous ne pouvait le soulever parce que c’était un homme grand et les gens nous regardaient comme dans un film sans nous venir en aide.

 Nous lui avons donné à manger et à boire en lui proposant notre secours et en l’invitant de fournir des efforts pour qu’on puisse l’emmener pour des soins et une fois à l’intérieur, nous avons croisé Bohena qui était en consultation. Surpris, il a fait appel à son supérieur hiérarchique qui nous a demandé si le malade avait un accompagnant et lorsque j’ai dit non, c’est là qu’il m’a dit de le remettre là où je l’ai pris. Selon ses explications, un malade sans accompagnant n’est pas accepté là. Je n’ai pas laissé le malade entre leurs mains, j’ai continué à chercher les voies et moyens pour la prise en charge de ce patient. Je suis allée demander à une dame qui est venue au chevet de ce patient et Dieu faisant les choses, une personne qui avait accompagné son patient était assis et voyait toute la souffrance, toute la peine que j’avais autour de ce patient et lorsque la dame ( à qui j’ai demandé l’aide) est arrivée,elle n’osait pas approcher le malade qui était violent.

Le monsieur qui avait amené son patient ( qui était interné en psychiatrie), s’est levé et a aidé à laver le malade et acheter tout ce qu’il fallait ( puisque j’étais repartie en communauté pour chercher des habits et revenir et je suis revenue trouver qu’il a lavé le patient, le coiffer et lui mettre tout ce qu’il fallait pour que les choses se passent bien).

Ils étaient catégoriques: Sans accompagnant, ils n’acceptent pas et à l’espace de quelques jours ( 3 à 4 jours après), nous avons fait des communiqués qui ont permis de retrouver les parents du patient qui étaient aussi à sa recherche et ces derniers se sont précipités pour venir.

Ce patient a été interné à l’hôpital, soigné et après les soins, réinséré dans sa famille.

Ce fut un déclic pour moi et Bohena et moi à partir de ce jour, avons décidé de venir en aide à cette cible ».

Des doléances ont été faites à l’endroit des hôtes du jour.

Les pensionnés du centre ont demandé à ce qu’on leur donne de l’argent de poche chaque mois qui pourra contribuer à subvenir un tant soit peu à leurs besoins et une jeune fille avec le niveau 3ème, couturière à l’époque demande pour qu’on l’aide afin qu’elle reprenne son métier. De bonnes volontés sont aussi attendues pour ravitailler le centre en kits alimentaires, sanitaires, de dignités et en métiers à tissage…

La photo de famille et la visite guidée du centre par Soeur Rosalie ont mis fin à la rencontre.

benedicteoued@gmail.com

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