« Il passe en classe de CM1, il travaille bien à l’école. C’est parce qu’il aime trop se balader avec ses camarades pendant les vacances, que j’ai voulu l’occuper utilement en lui proposant trois métiers à choisir que sont la couture, la menuiserie et la mécanique. Il a préféré la couture et c’est là que je lui ai confié à sa mère couturière » Dixit Benoit Sanou, père biologique de Yves Basile Sanou.
Issu d’une famille de deux enfants (dont un garçon et une fille (qui aura 7ans en 2023 et qui est sa petite sœur)) avec une mère couturière, Yves basile sanou âgé de 9ans (il aura bientôt 10ans en 2024), a commencé à coudre pendant les vacances 2022. Cet enfant qui rêve d’être un agent de banque, Féminin Actu l’a rencontré le mercredi 12juillet 2023 à Ouagadougou (Ceci a été possible grâce à son père Benoit).
Tout comme son père Benoit Sanou, Sanata Sanou/Toé (sa mère biologique) a confié que c’est parce qu’elle ne veut pas que son petit soit oisif, passe son temps à se balader inutilement ou à avoir de mauvaises compagnies en leur absence , qu’elle l’emmène dans son atelier du lundi à samedi de 8h à 18h afin de l’occuper utilement « Je ne veux pas qu’il reste à la maison pour se promener, à ne rien faire, c’est pour l’aider et le préserver de tout mal ».
A la question de savoir si l’enfant a le temps de s’amuser (parce que c’est aussi son plein Droit), Sanata a répondu à l’affirmative en expliquant qu’elle lui accordait plus de temps pour s’amuser « Lorsque nous venons le matin, il coud pendant 2h et ensuite va s’amuser pour revenir continuer dans l’après-midi (là aussi, nous lui permettons de s’amuser encore si toute fois je sens la fatigue en lui). Nous n’ignorons pas que l’enfant a aussi des Droits et doit surtout s’épanouir, jouer avec les autres pendant les vacances. Cependant, nous voulons le responsabiliser afin qu’il puisse faire la part des choses, afin qu’il sache que chaque homme doit aussi se battre pour donner un sens à sa Vie ».
Yves Basile fait déjà la fierté de ses parents, car, pour un enfant de son âge, ce n’était pas évident qu’il sache coudre, ne ce reste que de modèles simples, a souligné sa mère Sanata « Il coud. Cependant, il n’arrive pas à couper et pour le moment, ce sont les modèles simples qui coud : les robes des femmes, plier les bords des pagnes, il arrive à coudre les chemises à condition que je sois là pour l’orienter, pour l’accompagner ».
Après avoir obtenu son Certificat d’études primaires (CEPE), Sanata qui a arrêté l’école, s’est formée en 2004, et ce, pendant deux ans 2004 grâce au Projet « 1000jeunes filles de Sourou » à Tougan.
Et c’est après la formation, qu’elle a commencé à se perfectionner.
Celle qui coud les modèles de femmes, d’enfants et aussi pour les hommes (seulement, je n’arrive pas à coudre les vestes ; si non, que je couds les chemises, les pantalons) a pu ouvrir un petit atelier en 2022 (grâce à des économies) au bord d’une voie non loin de la clinique de Jean-Baptiste à Somgandé. Bien avant l’obtention de cet atelier, Sanata a indiqué qu’elle cousait à l’air libre aux abords des routes puisque les moyens lui faisaient défaut « Avant de créer ce petit atelier, je cousais aux abords des routes parce que je n’avais pas de moyens pour ouvrir un atelier et grâce à cela, j’ai pu économiser et cela m’a permis d’ouvrir ce petit atelier que vous voyez (Vous voyez que c’est trop exigu) ».
Le prix de la couture varie d’un modèle à un autre, a-t-elle poursuivi « Si des tailleurs fixent leur prix à 4000FCFA pour un modèle, le même modèle est cousu chez moi à 3000 -3500FCFA comme c’est un nouveau coin et aussi, je n’ai pas assez de clients »
Pour ce qui est des difficultés, elles n’en manquent pas, a-t-elle lâché « Un client peut apporter un modèle et sans avance. Il va falloir que tu te débrouilles toi-même coudre avant que la personne ne vienne récupérer sa tenue. Je n’ai pas assez de machines (2).
Un tailleur ne peut pas aussi respecter tous les rendez-vous, même s’il le veut. Souvent, nous faisons face à des imprévus, des empêchements. Mais qu’à cela ne tienne, je fais tout pour respecter mes rendez-vous avec mes clients et comme étant nouvelle ici, je fais tout pour les satisfaire ».
Et de conclure « J’avais trois filles sous ma houlette ; présentement, j’en ai une parce que les deux autres sont parties en voyage ; je reçois aussi des élèves pendant les vacances (mais le manque de moyens fait que je ne peux pas tous les prendre (deux machines) ».
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