Bien-être et santé mentale : Comment éviter le Burn out aux Défenseuses des droits humains.

Les panelistes

La santé mentale ne se résume pas à une absence de troubles psychiques. Elle comprend le bien-être, l’optimisme, la satisfaction, la confiance en soi ou la capacité relationnelle. Elle est influencée par une interaction complexe de nombreux facteurs tels que les relations sociales, les événements de la vie, des facteurs génétiques, le revenu, la formation, l’emploi, le logement, l’accès aux services, les violences, les discriminations ou encore l’environnement dans lequel on vit.

Parce qu’il a une influence sur tous ces facteurs, le genre a inévitablement une influence déterminante sur la santé mentale.

De plus, en défendant les droits humains, les défenseuses des droits humains des femmes/filles sont exposées à des risques parmi lesquels l’épuisement. Ce sont des impacts que le travail de défense des droits humains exerce sur les défenseuses du monde entier, et qui comptent aussi souvent au nombre des causes qui les poussent à renoncer à leur tâche. En effet, porter secours, assister, prendre en charge, avoir de l’empathie pour une personne victime, revient à répondre à un besoin immédiat de la personne et la personne qui lui porte secours, ne s’en retrouve pas moins affectée.

Les conséquences de toutes ces énergies déployées se conjuguent avec la peur, l’anxiété, l’épuisement professionnel, le stress et les traumatismes qui ont un impact négatif sur notre santé. Cela empêche notre capacité de penser correctement et de prendre des décisions rationnelles concernant notre sécurité. C’est pourquoi les soins personnels et le bien-être devraient faire partie intégrante de notre stratégie de sécurité globale. Prendre soin de soi, c’est prendre soin de notre corps, de notre esprit et de nos émotions, ainsi que de prêter attention aux environnements qui entourent notre existence.

Afin de favoriser le partage d’expériences entre femmes et filles confrontées au quotidien à des problèmes qui ont des répercussions sur leur santé physique, émotionnelle, mentale et psychologique, l’association d’appui et d’éveil Pugsada (ADEP) a organisé un panel de partages d’expériences et de pratiques de soins de femmes /filles vivant avec plusieurs types de traumatismes psychologique ou d’épuisement professionnel au profit de 30 jeunes filles et femmes leaders activistes des droits des filles et des femmes à Ouagadougou le vendredi 19 juillet 2024.

C’est Wendyam Micheline Kaboré, activiste des droits humains, panafricaniste et Féministe engagée, Gestionnaire, informaticienne de formation, Directrice exécutive de l’Initiative pananétugri pour le bien-être de la femme (IPBF), l’une des panélistes du jour qui a planté le décor en s’appuyant sur les définitions basiques de bien-être et de santé mentale.

Wendyam Micheline Kaboré

Selon ses explications, ces deux mots sont assez profonds en termes de définition, en termes de thématique « Le bien-être fait appel à l’état de sensation agréable résultant de la satisfaction des besoins du corps et de l’esprit. Quand on parle de bien-être, cela renvoie au comportement, au physique et au psychologique et en fonction des personnes, on peut penser aux besoins matériel, financier, psychologique. Tous ces facteurs combinés peuvent définir le bien-être pour une personne avec des sensibilités différentes d’une personne à une autre ».

Pour ce qui est de la santé mentale, elle a découvert que cela fait appel à l’état d’un bien-être qui permet à chaque personne de réaliser son potentiel et de faire face aux difficultés « la santé mentale fait référence au bien-être émotionnel, psychologique, social et bien-sûr l’absence de maladie qui peut affecter tous les points cités ».

Michéline, après avoir défini les termes bien-être et santé mentale, a énuméré quelques facteurs pouvant les détériorer ou les affecter « Le milieu de vie, le volet socio-économique, nos histoires personnelles et relationnelles, les facteurs biologiques et génétiques, l’état de santé de façon globale, tous ces facteurs définissent le bien-être et la santé mentale ».

Parlant de bien-être de santé des filles et des femmes dans leur concept, elle a abordé le volet épuisement irritant communément appelé Burn out « on parle de fatigue générale chronique qui peut amener une personne à ne plus être acteur physiquement, mentalement ou psychologiquement et les états de fatigue d’épuisement sont à différents niveau c’est-à-dire que ça commence d’une petite fatigue, d’une fatigue générale pour arriver à la fatigue chronique. Souvent, on attend peut-être des éléments d’identification ou de mesure de notre fatigue assimilée souvent à de la maladie, et on pense qu’on est malade.

Arrivée à une fatigue chronique empêchant la personne d’être acteur physiquement ou d’être apte psychologiquement à réfléchir ou à être chronologique ou cohérente dans certains faits et gestes, cela peut plonger la personne dans une situation irréversible ou non.

L’environnement, le milieu de vie, d’autres facteurs comme les facteurs socio-économiques peuvent contribuer à la récupération au bien-être ou influencer négativement du moment où la personne n’arrive pas à sortir la tête de l’eau ».

Wendyam Micheline a terminé sa communication par des stratégies à développer dans le cadre de notre travail, de notre vie courante pour pouvoir faire face à l’épuisement, au problème de santé mentale ou de bien-être. Elle a insisté sur le fait que nous devons reconnaitre les signes puisque plusieurs signes nous alertent sur notre état de bien-être, c’est-à-dire d’écouter son corps, apprendre à le connaitre, apprendre à réagir en fonction des signaux de notre organisme :

Lorsqu’on a du mal à sortir du lit, on est très fatiguée,

Lorsqu’on a du mal à respirer, à rester consciente au cours de la journée,

 Aller rapidement en consultation quand on sait que quelque chose ne va pas,

Eviter l’automédication,

Apprendre à s’écouter, écouter son entourage.

À la suite de Wendyam Micheline Kaboré, c’est Aminète Yvonne Ouattara, psychologue, psychothérapeute en matière de santé mentale coach certifié (intervient auprès des enfants, des adolescents et adultes), spécialiste en sciences de l’éducation (ses activités portent également sur la supervision, la réflexion du guide gérante de cabinet de psychologie et de conseil), 2ème panéliste qui s’est entretenue avec la trentaine de participantes.

Dans son allocution, Docteur Ouattara a précisé que la santé mentale concerne tout le monde et est comme un spectre. Ce qui est de la santé mentale, elle ajoute que c’est notre organe psychique qui fait que nous sommes à la merci de ce qui est inconscient. Dans ses explications, l’assemblée a pu savoir que l’un des troubles les plus fréquents chez les femmes, c’est l’anxiété avec son corollaire de  névroses et  de  psychoses. C’est pourquoi, elle a préconisé la prévention qui selon elle, pourra les atténuer « Il faut parler afin que les mots ne restent pas coincés au fonds de nous ; on a souvent besoin d’une écoute neutre et sans jugement (et c’est le rôle du ou de la psychologue) ».

docteur Ouattara

À ces troubles, elle a ajouté d’autres troubles que sont les phobies (la peur), qui se concrétisent dès l’enfance (peur pour parler en public) et les troubles psychologiques.

Docteur Ouattara est convaincue que seule la prévention en s’appuyant sur des besoins fondamentaux (qui s’apparentent aux besoins de la pyramide d’Oslo) est un remède pour faire face aux maux suscités.

Pour ce qui est des besoins, elle a énuméré les plus essentiels et fondamentaux :

Besoins physiologique (boire beaucoup d’eau, manger, se reposer, respirer (le cerveau doit être oxygéné)),

Besoins de sécurité (travailler, porter des vêtements…),

Besoins d’appartenance (besoin d’être avec d’autres personnes pour éviter des troubles mentaux),

Besoins de réalisation (nous avons chacun des rêves, avons besoin de nous réaliser),  

Besoins de transcendance (besoin d’être connecté à quelque chose de plus grand que soi ; personne n’a la responsabilité de prendre soin de vous, de vos besoins fondamentaux).

Les émotions sont la Clé pour la prévention, pour les soins a souligné Docteur Ouattara ; c’est pourquoi elle nous invite à ne pas avoir peur d’elles qui sont physiologiques puisqu’elles nous transmettent des messages que nous n’écoutons pas et en les évitant, nous tombons inéluctablement sur le Burn out.

La rencontre a pris fin par un témoignage poignant, très émouvant de Hortense Lougué, Directrice exécutive de l’association Pugsada (œuvrant à l’amélioration du statut et conditions de vie des filles et des femmes au Burkina Faso).

Enseignante de formation à la retraite, Féministe activiste des droits humains, des femmes et des filles, elle totalise une trentaine d’années dans le secteur de l’éducation et développement communautaire et du monde associatif.

Dans son témoignage, elle a fait ressortir son vécu articulé autour de cinq points que sont : son enfance, sa jeunesse, son amour et son mariage, ses sources et ressources de survie.

Hortense Lougué

benedicteoued@gmail.com

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