Vivier d’expertise féminin :
Du 31 aout au 1er septembre 2021, des femmes du Vivier d’expertise féminin (programme du leadership féminin initié par WANEP 🙁 réseau ouest africain pour l’édification de la paix), DDG : (groupe danois de déminage) et DRC :(Conseil Danois pour l’accompagnement des réfugiés) et soutenu financièrement par l’Union Européenne) accompagnées de la Coordonnatrice de WANEP-Burkina en la personne de Alice Kombary/Soulama ont effectué un déplacement du côté de Gaoua, province du Poni et chef-lieu de la région du Sud-Ouest.
Cette mission avait pour objectif tout d’abord de présenter le membre du Vivier du Sud-Ouest en la personne de Djénéba Sidibé/Sangaré, ensuite de former les pensionnaires de la maison d’arrêt et de correction de Gaoua (MACG) ainsi que les agents de sécurité pénitentiaire de ladite sur la gestion des conflits. Elle a en outre mentionné qu’il y’a eu des échanges avec elles sur les conditions de vie en milieu carcéral et d’ajouté que cette formation a aussi porté sur la gestion non violente des conflits « Nous avons cherché à comprendre avec ces pensionnaires les notions relatives à la non-violence, au conflit, aux outils d’analyse (lorsque nous sommes face à une situation de violence) et à l’analyse des conflits ».
Alice qui a insisté sur le fait que les conflits naissaient parce que les différentes parties prenantes directes du conflit n’avaient pas souvent les mêmes perceptions, les mêmes interprétations face à une situation d’incompréhension, a profité de l’occasion qui lui était offerte d’aborder les notions de perception et d’interprétation : « souvent, les parties ne voient pas les choses de la même manière ; elles n’arrivent pas non plus à interpréter de la même manière puisque chacune essaie d’interpréter les choses en fonction de la position dans laquelle elle se trouve et en fonction aussi de l’expérience, des idées, des préjugés et des stéréotypes souvent que nous construisons . Ce qui fait que souvent nos interprétations sont biaisées et cela peut entrainer des situations d’inconfort, d’incompréhension, de mésententes ».
Le fait d’aborder ces notions, consistait aussi à amener ces femmes (au total 7 sur plus de 300personnes incarcérées) à leur parler de leurs conditions de vie en tant que pensionnaires au sein de la maison d’arrêt, a-t-elle dit « Nous nous sommes spécifiquement intéressés aux femmes ( il y’avait certes des hommes , mais ces derniers étaient surtout les agents de la police pénitentiaire , ceux de l’action sociale et aussi nous avons associé certains ministères notamment le ministère de la femme, de la famille, de la solidarité nationale et de l’action humanitaire , celui des droits humains et celui de la santé ».
Ces femmes détenues qui sont à la maison d’arrêt selon Alice, sont là suite à une situation d’incompréhension, une situation de conflits, de crises. Donc, c’est pour dire que c’est une institution conflictuelle dans laquelle les agents qui y sont, sont aussi en permanence en contact avec les pensionnaires, ce qui n’est pas du tout facile et cela entraine la fragilisation de la cohabitation et du vivre-ensemble souvent dues à la divergence des interprétations et des perceptions.
C’est au regard de cette situation, que Alice et ses paires ont jugé important de comprendre comment vivent les femmes dans ces milieux, quelles sont leurs difficultés , leurs défis et quels sont les véritables besoins de changement afin de pouvoir faire ressortir les recommandations pertinentes « au niveau de notre structure, on essaie de voir avec les femmes comment orienter les actions de plaidoyer en ce sens et je vous dis qu’avec les femmes nous avons compris qu’il y’avait quelques problèmes, on sent qu’elles sont dans de meilleures conditions, mais malheureusement aussi, elles font face à plusieurs défis que nous avons relevés ».
Et parlant de recommandations, on peut citer entre autres : le besoin de formation des femmes détenues en plus de la formation en tissage et savonnerie,
Le recrutement et la formation du personnel féminin (6) de la garde de sécurité pénitentiaire , renforcement des capacités aussi bien des pensionnaires que celui du personnel de la maison, formation en hygiène et assainissement, formation en droits de l’homme, de la femme et de la liberté publique, des formations continues pour l’amélioration des conditions de travail, la dotation de l’institution en produits pharmaceutiques, en matériels roulants, d’infrastructures, la réhabilitation des forages par la mairie, la gestion des dépouilles des pensionnaires par la mairie, doléance de la part de l’agent de santé « la mairie doit avoir un regard dans l’accompagnement de la famille du détenu décédé ».
Les agents de la sécurité pénitentiaire présents à la formation ont aussi demandé à ce que la formation puisse aussi être profitable à leurs collègues et aussi aux autres pensionnaires que sont les hommes.
« L‘objectif vraiment de cette formation, c’était d’inviter les pensionnaires à changer leur comportement, à être des ambassadeurs et des ambassadrices de paix pour une cohésion sociale et réelle et un vivre-ensemble paisible durant le temps de leur incarcération » a souligné Alice.
Satisfaction totale selon Alice.
Nous avons été très satisfaits « parce que quand nous venions, nous n’avions pas mesuré en réalité l’ampleur de la vie ou de la situation au sein de cette institution qu’est la maison d’arrêt et de correction de Gaoua. Cependant, nous avons été très surpris de voir que la formation et les échanges étaient vraiment interactifs, les pensionnaires ont beaucoup contribué à la présence de leur 1er responsable et celles qui les accompagnaient (les agents de la police pénitentiaire). Les femmes étaient vraiment très ouvertes et on sentait qu’il y’avait un besoin réel » dixit Alice.
Alice qui ne cachait pas sa joie due à l’accomplissement de la mission qui lui tenait vraiment à cœur, a confié qu’il n’y avait rien de tel que de soulager un tant soit peu une personne qui est dans le besoin.
A la suite des communications, des travaux de groupes ont été constitués ; ce qui a permis de relever les difficultés, problèmes et défis auxquels font face les pensionnaires et le personnel de la maison de correction. Les femmes incarcérées se sont vraiment confiées puisqu’elles avaient une certaine assurance non seulement de la part du 1er responsable de la maison d’arrêt et de correction mais aussi de l’équipe de WANEP. La preuve, le 1er responsable de la maison, Ardjouma Millogo (homme très ouvert et beaucoup apprécié des pensionnaires femmes) inspecteur de sécurité pénitentiaire et directeur de la maison d’arrêt de correction de Gaoua n’hésitait pas à les encourager à dire ce qu’elles pensaient de leur traitement et de comment faire pour qu’ensemble on puisse améliorer leurs conditions d’incarcération.
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