« Nous demandons un accompagnement de la mairie. cela fait trois ans que je suis là et j’ai constaté qu’en cas de décès d’un pensionnaire, c’est l’administration pénitentiaire qui s’en occupe et d’ailleurs même il y’a des détenus qui sont délaissés par leurs familles donc le mort n’a personne pour l’accompagner à sa dernière demeure. Et ce sont les détenus qui sont chargés de son enterrement et nous pensons que la mairie peut faire quelque chose sur le plan d’accompagnement afin que le détenu puisse être enterré dans la dignité » Dixit Seydou Zongo, major à l’infirmerie de la maison d’arrêt et de correction de Gaoua (MACG).
Le 1er septembre 2021, des femmes du Vivier d’expertise féminin (programme leadership féminin initié par WANEP, DDG et DRC) sous la houlette de la coordonnatrice de WANEP (réseau ouest africain pour l’édification de la paix) Alice Kombary/Soulama ont effectué une visite de courtoisie aux femmes détenues de la maison d’arrêt et de correction de Gaoua (MACG).
A la fin de la rencontre, des représentants des services collaborant avec la MACG se sont prononcés.
L’action sociale selon le chef de service social de la maison d’arrêt et de correction de Gaoua (MACG), Ibrahim Fayama est un service public crée au sein de la MACG dont l’objectif consiste à l’humanisation des prisons, à la réinsertion des détenus et à leur réhabilitation.
En ce qui concerne les femmes détenues, l’action sociale veille à ce que les femmes soient traitées de façon spécifique, de façon concrète (c’est de mener des plaidoyers avec des structures associatives pour qu’elles viennent accompagner les dames seulement dans leurs conditions de vie, d’hygiène afin que la détention soit moins difficile pour elles. l’action sociale est là pour veiller à ce que ces femmes puissent être mieux traitées. La majorité des femmes qu’on emmène ici, ont commis ces infractions : abus de confiance, vol d’argent, question de meurtre, excision, accusation par allégation de sorcellerie), a-t-il poursuivi et d’ajouter que plusieurs activités sont menées au sein de la MACG.
Ces activités sont généralement des activités de sensibilisation, a-t-il dit « on amène les femmes à accepter leur situation de détention, à s’accommoder. En plus de cela, nous leur apprenons des métiers comme le tissage, la couture afin qu’elles puissent se resocialiser et se réinsérer socialement une fois libérées ».
Ibrahim qui reconnait que les femmes sont bien traitées même s’il reste beaucoup à faire, a confié que les femmes détenues (au total 7 sur plus de 300détenus )ne se plaignent pas du traitement qu’on leur inflige, contrairement aux années antérieures ou les femmes étaient violentées « Lorsque vous êtes dans un milieu difficile comme la maison d’arrêt et de correction, les agents de sécurité n’ont pas les mêmes appréhensions, les même compréhensions ; ce qui fait que les femmes sont souvent violentées. Ces pratiques se faisaient dans les années antérieures puisque nous n’avons pas eu de cas enregistrés ces derniers temps. Cela est dû au fait que la majorité des femmes GSP (garde de sécurité pénitentiaire) ont été sensibilisées quant au règlement intérieur par rapport à leurs droits ».
Une fois que les femmes sont libérées, elles doivent avoir un suivi (mais le suivi ne suffit pas à cause du manque de la logistique et des moyens financiers) post incarcération assuré par les services de l’action sociale selon la loi a expliqué Ibrahim.
Cependant, il arrive malheureusement que ce suivi ne soit pas respecté car la plupart des femmes venant des autres communes ; il arrive le plus souvent qu’on ne les retrouve plus puisqu’elles préfèrent migrer vers les pays voisins que sont le Ghana et la Cote d’ivoire.
Et parlant de récidive in carcérale des femmes, elle est très rare a-t-il mentionné « généralement, ce sont les hommes qu’on voit revenir. Depuis ma prise de fonction en janvier 2018, je n’ai vraiment pas enregistré un cas de récidive des femmes. La majorité sont des hommes qui reviennent et généralement ce sont des cas de vol, d’utilisation de stupéfiants.
Abondant dans le même sens qu’Ibrahim, Delphine Sawadogo, agent de sécurité pénitentiaire trouve très bonnes leurs relations avec celles des femmes détenues même s’il arrive qu’il existe certaines incompréhensions entre les femmes dues principalement à la langue parlée.
Même son de cloche pour l’attachée en droits humains et agent à la direction régionale des droits humains et la promotion civique du Sud-Ouest Elisabeth Palenfo, qui, elle aussi reconnait que même s’il y’a amélioration au niveau de la prise en charge des détenus, beaucoup reste aussi à faire « Etre satisfaite, c’est trop dire mais il faut reconnaitre qu’il y’a quelque chose qui est faite parce qu’avant, ce n’était pas comme cela . Beaucoup de choses ont été améliorées en ce qui concerne leurs conditions de vie, l’alimentation, la santé et le droit à l’information ».
Les femmes détenues rencontrent souvent des problèmes.
Ces femmes incarcérées rencontrent des problèmes liés à la santé a noté le major de l’infirmerie de la MACG, Seydou Zongo.
En général, ces problèmes sont liés au manque d’hygiène et d’alimentation équilibrée (qui est la cause de beaucoup de maladies par exemple la malnutrition, les maladies parasitaires comme le paludisme), a-t-il précisé.
Et parlant d’autres difficultés, Elisabeth a aussi insisté sur les conditions d’hygiène des détenues « Ce sont des femmes et lorsqu’elles voient leurs menstrues, je ne sais pas comment elles font pour se débrouiller pour pouvoir se protéger ».
Et pour éradiquer ce fléau, « nous sommes quotidiennement à leurs côtés en les écoutant, en les sensibilisant et nous consultons quotidiennement au niveau de notre infirmerie » a ajouté le major de l’infirmerie.
En plus de ces difficultés rencontrées, elles font face au manque de moyens pour honorer certaines ordonnances et la maison d’arrêt est dépassée par ces dépenses ; ce qui fait que la prise en charge sur le plan sanitaire est vraiment difficile pour eux a-t-il indiqué tristement « En ce qui concerne la prise en charge, il y’a manque de produits. On essaie d’appeler la famille afin qu’elle vienne en aide ».
Seydou a profité de l’occasion qui lui était offerte invité la mairie de Gaoua à plus de responsabilités envers les personnes incarcérées puisque selon lui, la MACG ne peut pas tout faire elle seule. Selon ses dires, la mairie qui doit se charger de l’inhumation d’une personne détenue morte, ne le fait pas et pourtant c’est à elle que lui incombe cette tâche.
Les femmes bénéficient d’un suivi psychologique.
« Les femmes sont suivies psychologiquement puisque en tant que direction régionale, nous menons des activités à l’endroit de ces femmes en les écoutant souvent pour voir ce qui ne va pas et faire des recommandations au niveau de leur hiérarchie » a rassuré Elisabeth des droits humains.
Cette rencontre qui était la bienvenue puisqu’elle a suscité un intérêt, a permis à tout le monde de comprendre ce qui se passe et se vit dans les maisons de correction a indiqué Claude Ouédraogo, agent à la direction générale de la femme, de la famille et la promotion du genre. Il a en outre souhaité que les sensibilisations soient multipliées ; ce qui permettra selon lui de changer certaines conditions de détention et chacun de son côté doit jouer sa partition.
Et pour conclure, il a souhaité un accompagnement de la part de WANEP.
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