Djénéba Sidibé/ Sangaré : Un exemple de Femme battante.


« Ce n’est pas parce qu’on vit en milieu carcéral qu’on doit forcément être exclu de la société puisque la prison n’est pas faite pour des individus étiquetés. N’oubliez pas que les personnes qui sont dans les établissements pénitenciers sont nos sœurs, nos mères et pères, nos filles et fils, nos frères et sœurs, nos époux et épouses et sont aussi membres de notre société. On se doit un droit de regard envers ces personnes ».Dixit la présidente de l’association Ramziya pour le développement du Sud-Ouest et membre du Vivier d’expertise féminin Djénéba Sidibé /Sangaré.

Educatrice de formation, ouverte, femme de conviction et battante, membre du Vivier d’expertise féminin (programme de leadership féminin), Djénéba Sidibé/Sangaré, présidente de l’association Ramziya du Sud-Ouest est la personne qui a facilité les échanges entre les femmes du Vivier et les occupants de la maison d’arrêt et de correction de Gaoua (MACG) le mercredi 31aout 2021.
Celle qui connait la MACG (parce que ayant l’habitude de la fréquenter très souvent), a accepté de se confier à nous.

Contribuer à la paix, à la stabilité et à l’insertion sont les principales missions et objectifs de l’association Ramziya a expliqué Djénéba et d’ajouter que comme Ramziya signifie « Honorable », l’association fait honneur aux personnes détenues, aux personnes âgées, aux femmes et enfants vulnérables  «  Notre domaine d’intervention est centré sur les personnes vulnérables et pensionnaires des maisons d’arrêts et de correction ».
L’association mène plusieurs activités, a-t-elle indiqué. Et parlant d’activités, la plupart sont en lien avec la paix et la sécurité a précisé Djénéba « il faut dire qu’il y’a beaucoup d’activités que nous menons : les activités de sensibilisation sur les bonnes pratiques en matière de paix et de sécurité, la sensibilisation sur le civisme dans les établissements scolaires, sur les grossesses précoces en milieu scolaire, la sensibilisation des femmes en milieu carcéral comme par exemple cette activité avec l’accompagnement WANEP qui nous a aidé car cette activité était très importante pour les pensionnaires de la maison d’arrêt que les participants qui ont eu la chance de collaborer ».
En plus de ces activités et selon les dires de Djénéba, l’association plus ou moins fait un suivi de ces femmes (incarcérées à la MACG) une fois libérées «  on peut dire que notre association contribue de fois à réduire le séjour à la maison de correction puisque nous accompagnons souvent les enfants en situation de rue avec les activités socio-professionnelles pour leur réinsertion ».
Et parlant de difficultés, Djénéba a relevé une difficulté majeure qu’est le manque d’incompréhension (au sein de la population) dû au fait que les violences basées sur le genre (VBG) et de tout genre persistent dans la région du Sud-Ouest, une région assez spécifique.
Une autre difficulté et pas le moindre est relatif aux sensibilisations qui font qu’elles (Djénéba et les membres de son association) ne se reposent pas et doivent écouter tout le monde puisque l’association est beaucoup sollicitée de part et d’autre, a-t-elle lâché «  Lorsque les personnes incarcérées ont l’occasion de s’exprimer, elles n’hésitent pas et font souvent recours à notre association. Vous voyez qu’elles ont bien échangé et partagé leurs difficultés avec nous aujourd’hui et vous avez été témoins de tout ce qui s’est passé ».
Djénéba qui est convaincue que les personnes incarcérées ont aussi des droits comme toute autre personne, a profité de l’occasion qui lui était offerte formuler une recommandation (qui lui tient à cœur) aussi bien à l’endroit de WANEP qu’à l’endroit d’autres structures ou personnes de bonne volonté.
Et Comme recommandation, elle a souhaité de tout cœur que la société toute entière ait un regard sur ces personnes dites vulnérables « parce que vous avez vu aujourd’hui ce que le directeur de la MACG a dit concernant les usagers de la route qui tournent leur regard dans l’autre direction pour ne pas voir la maison de correction comme si on a peur d’approcher ce lieu. Pourtant ces personnes incarcérées sont issues de nos communautés et on se doit un droit de regard envers eux, on doit œuvrer à les accompagner, à ce que les conditions dans lesquelles les détenus vivent soient vraiment bonnes et améliorées pour faciliter leur séjour, pour ne pas qu’ils soient mentalement touchés, pour contribuer à leur bien-être psychologique ».
Djénéba, toute émue pour conclure, a remercié WANEP pour son accompagnement aux côtés de la population « Grand merci à l’endroit de WANEP et les mots me manquent pour exprimer notre gratitude envers cette institution qui n’hésite aucun instant à nous accompagner. Dieu bénisse WANEP et bon vent à nous ».
L’association Ramziya a vu le jour au Sud-Ouest le 20juin 2016 et le lancement a eu lieu à la maison d’arrêt et de correction de Gaoua (MACG) en son temps suivi d’un repas communautaire avec les détenus et une distribution de kits scolaires aux enfants des détenus.
En rappel, l’association a été créée en 2010 par Mariam Sawadogo/Bonkoungou et le siège est à Banfora.

benedicteoued@gmail.com

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.