Titulaire d’une maitrise en droit des affaires, après avoir fait deux fois le concours de la magistrature et une fois celui du CAPA (certificat d’aptitude à la profession d’avocat) sans être admise, assistante juridique à la maison d’arrêt et de correction de Koudougou (MACK) (ou elle intervient en faveur des détenus pour leur apporter une assistance juridique dans le cadre d’un projet dénommé « Projet de lutte contre les détentions longues et la surpopulation carcérale»),Sylvie sawadogo selon ses dires a eu l’idée de mettre en place une activité qui puisse l’occuper et du même coup subvenir aux besoins de sa famille et sortir quelques personnes du chômage.
Cette brave Dame à plusieurs casquettes, est la promotrice et la cheffe de « Lati services SARL» (contacts :65360666/72188784/79520947), une entreprise de prestations de services qui intervient principalement dans le nettoyage et propose aussi comme prestations la décoration, la lessive à domicile, la vaisselle évènementielle et le service traiteur «L’entreprise a été créée officiellement le 6avril 2018 .On a commencé avec le nettoyage et au fur et à mesure, on ajoute d’autres activités ».
A l’occasion de la journée internationale de la femme prévue pour le 08 mars prochain, Féminin Actu est allé à la rencontre de cette Brave.
Plus d’une quarantaine de femmes travaillent avec Sylvie qui préfère surtout collaborer avec les femmes d’un certain âge, a-t-elle dit « je travaille surtout avec les femmes vulnérables d’un certain âge. J’évite de travailler avec les jeunes filles parce que l’expérience a montré que ça ne finit pas bien ; les femmes sont beaucoup plus responsables ; on s’en sort mieux avec les femmes qu’avec les jeunes filles »
L’activité du nettoyage n’étant pas permanente, Sylvie a confié ne pas avoir la même équipe permanente pendant longtemps parce que cela dépend du marché « j’ai une liste de personnes et à chaque fois que j’ai un nettoyage, j’ai des personnes ressources que je peux déjà contacter et souvent ça dépend aussi de leur disponibilité. J’y vais avec celles qui sont disponibles lorsque je gagne un marché » et de préciser qu’elle travaille la plupart du temps avec celles qu’elle a déclarées à LA CNSS (caisse nationale de sécurité sociale) « Il y’a des femmes que j’ai pu déclarer à la CNSS et honnêtement, on ne peut pas toutes les déclarer. Lorsqu’il y’a quelque chose à faire, ce sont les femmes déclarées à la caisse que j’appelle d’abord avant de compléter la listes aux autres femmes qui travaillent de façon occasionnelle.
La liste d’attente est tellement longue : souvent, il y’a des femmes qui m’appellent pour travailler avec moi. Je prends leurs coordonnées et leur fais savoir sans promesse que je reviendrai vers elles toute fois si j’ai un travail pour elles ou en cas de besoin puisque cela dépend de la clientèle ».
Tout le monde (c’est-à-dire les ONG (organisations non gouvernementales), les particuliers, l’administration publique comme privée, les commerçants) peut avoir accès à ses services a indiqué Sylvie et d’ajouté qu’elle faisait du nettoyage ponctuel fin de chantier, le lavage de boutiques, de toilettes publiques, de magasins, de domiciles… .
Le prix et le temps du nettoyage varient puisque cela dépend de la taille, de la superficie et surtout de la saleté de la maison, de la distance et aussi des matériaux utilisés a-t-elle souligné « Pour un R+, il faut maximum cinq jours, pour les maisons simples deux ou trois chambres salon en une journée pour faire un bon toilettage des lieux. Souvent, on commence à 9h pour finir soit à 18h, soit à 22h et lorsqu’on ne finit pas, on revient le lendemain pour terminer.
Le nettoyage d’une mini villa de deux chambres-salon se fait entre 50 à 70000Fcfa voire plus et pour les R+, de 175000 FCFA à plus .Le prix dépend aussi de la superficie, de comment est construite la maison et avec quels matériaux utilisés : Le lavage des carreaux diffère de celui du marbre. Il y’a beaucoup de choses à prendre en compte ; ce qui fait que le prix n’est pas du tout figé, fixe.
Il faut tenir aussi tenir compte de la distance pour fixer son prix : On ne fixe pas le même prix pour une maison à Tampouy, Sondogo ou à Ziniaré (dans le plateau central) ».
En plus de la capitale Ouagadougou, l’entreprise intervient aussi dans les périphéries même dans certaines villes comme Kaya, Koudougou, a-t-elle poursuivi et de poursuivre que les produits utilisés pour le nettoyage sont surtout l’acide-carreaux, le perfecto, l’Ajax, le savon liquide, l’OMO, l’eau de javel accompagnés de Serpières, de raclettes, de seaux, de balaies, d’échelles, d’aspirateurs et quelques matériels (qu’elle loue par faute de moyens, parce que coutant extrêmement chers).
A la découverte d’autres activités menées par l’entreprise « Lati services SARL ».
« On fait la lessive à domicile. « Lati services » met à la disposition des clients, des dames motorisées ou pas pour faire la lessive à domicile : cela signifie que si une personne a besoin qu’on lave ses habits, elle nous appelle et en fonction du quartier, je vois si j’ai des femmes qui y résident puisque je fais tout pour avoir des dames dans tous les quartiers afin de rapprocher le client de nos services . En fonction du quartier, si j’ai des dames qui résident dans le même quartier que le client, elles y vont ; dans le cas contraire, ce sont les femmes motorisées qu’on envoi et dans ce cadre le client paye le déplacement dont le prix varie entre 500 à 1000Fcfa en fonction de la distance ; elles y vont laver et sécher »Dixit Sylvie sawadogo.
Le prix de la lessive est de 50Fcfa pour un habit porté par un adulte (le haut et le pagne coutent 100Fcfa et l’ensemble aussi) et pour les enfants, trois habits à 100Fcfa , les jeans, les draps et les rideaux à 100Fcfa l’unité, a-t-elle dit et d’ajouter qu’un forfait mensuel peut être accordé au client « on procède par comptage ou par forfait mensuel qui varie entre 15OO0 à 20000Fcfa en raison d’une lessive par semaine et cela dépend aussi du nombre de personnes dans la famille : une lessive de quatre personnes pour le forfait mensuel, c’est 15000Fcfa et pour plus de quatre personnes, c’est de 17500 à 20000Fcfa et un passage par semaine »
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En plus de la lessive, Silvie propose de la vaisselle évènementielle « Nous mettons à la disposition de notre clientèle deux ou trois dames en fonction de la quantité des plats et elles viennent très tôt dès 6h et commencent la vaisselle jusqu’à la fin de l’évènement (baptême, mariage, anniversaire…) c’est-à-dire 18h, 19maximum et s’il y’a toujours des plats sales, elles reviennent le lendemain pour terminer) et le forfait varie entre 15000 à 20000Fcfa par évènement ».
Quant au service traiteur, Sylvie fait appel à d’autres prestations « Pour le moment, on n’est pas trop ancré dans le service traiteur. J’ai commencé avec la sous-traitance parce que je n’ai pas de matériels nécessaires. Lorsque j’ai un évènement, un marché, j’ai un ensemble de collaborateurs qui sont déjà dans le domaine depuis longtemps avec qui je travaille. Je leur propose le marché, on travaille ensemble et on va livrer ».
Sylvie est confrontée à de nombreuses difficultés dans l’exercice de son métier.
Dans toute activité, il y’a des difficultés à surmonter surtout pour moi qui suis entrée dans le nettoyage par passion a expliqué Sylvie « je n’ai pas reçu de formation particulière avant de pratiquer ce genre de métier ; j’ai juste appris sur le tas ».
Sylvie a relevé des difficultés qui sont entre autres :
La clientèle « une fois que tu l’as, tu sais comment travailler pour la maintenir. Cependant, comment l’avoir, c’est ça le vrai problème .Pour les maisons des particuliers, ce n’est pas difficile surtout qu’il y’a les réseaux sociaux et surtout les recommandations des uns et des autres. Ce sont les marchés avec les ONG ou avec l’Etat qui posent problème : on a tendance à dire que si tu ne connais pas quelqu’un ou un bras long, c’est difficile d’avoir des marchés avec ces institutions et surtout dans le nettoyage, le marché est saturé parce que nos devanciers sont aussi là ».
La deuxième difficulté, ce sont les carrelages « On fait face souvent à des carrelages qu’on n’a jamais rencontrés. Une fois, à Kamsonghtenga, on nous a appelés pour le nettoyage d’un R+. J’ai évalué et j’ai donné le prix. Ensuite, on a commencé le nettoyage qui devait finir en une journée parce que j’étais allée avec une forte main-d’œuvre (au moins 15personnes).Lorsqu’on a fini le nettoyage du toit et qu’on devait attaquer celui des carreaux, on a remarqué que les carreaux étaient toujours recouverts de plastique (que le carreleur avait oublié de retirer et de décoller après la pause des carreaux au sol). Et à force de marcher dessus, le plastique ne pouvait plus se décoller. Nous avons versé en vain l’acide dessus et tout ce qu’on avait comme produit. On a même gratté en vain avec les grattoirs ; le client, au début voulait nous en vouloir parce que pour lui, on était de mauvaise foi du moment que nous sommes sensées être des professionnelles. Le client a même gratté en vain avec ses enfants pour nous accompagner quand il s’était rendu que ce n’était pas de notre faute. Ce n’est que le lendemain, que chacune munie d’un grattoir qu’on a pu gratter jusqu’à la fin et au finish, tout était très propre. Le client qui ne s’en revenait pas vu l’éclat de ses carreaux, nous a même ajouté un bonus pour le travail abattu. Toujours est-il que peu importe la tâche, peu importe la saleté, il y’a toujours une solution, même si on va souffrir, tout finit par être propre ».
Quant à la 3ème difficulté, on fait face à certaines réticences de la part de certaines femmes « Il y’a des femmes qui n’arrivent pas à percevoir le nettoyage comme un métier noble. Tout récemment, il fallait aller laver des toilettes publiques de deux maquis. Comme d’habitude, j’ai fait passer l’information. Ensuite, j’ai rassemblé l’équipe, et quand il s’est agi de partir, il y’a une qui m’a fait savoir qu’elle ne souhaite pas aller nettoyer des toilettes publiques utilisées par tout le monde. Sa réaction m’a glacée et m’a laissée perplexe. Je l’ai comprise ; cependant, je lui ai fait comprendre que si moi en tant que promotrice je ne trouve pas d’inconvénients pour nettoyer quoi que ce soit, c’est inadmissible qu’une employée, une qui cherche du travail, passe son temps à trier ce qu’on lui trouve. Un tel raisonnement ne marche pas avec moi du moment que moi je ne trie pas les saletés, je ne peux pas accepter une telle attitude ; c’est pourquoi je donne le bel exemple en matière de travail et je m’implique à tout. Je profite interpeller les propriétaires ou gérants de maquis, d’hôpitaux à faire appel à un lavage professionnel ».
La 4ème difficulté résulte du fait qu’i y’a des lessiveuses souvent, qui ne veulent pas laver les habits des enfants, car pour elles, les habits des enfants sont difficiles à laver du moment que ces dernier les salissent.
Le métier que j’exerce, nourrit son homme puisque j’arrive à subvenir aux besoins de ma famille et celles des femmes qui travaillent avec moi.
En à écouter Sylvie parler, on se rend compte que son métier nourrit son homme « tant que tu acceptes de t’y mettre, tu arrives à atteindre tes objectifs malgré les nombreuses difficultés auxquelles tu es confrontées.
Pour le moment, on se débrouille et je sais que si ça prend seulement, il n’ya rien à faire ».
Pour celles qui ont des diplômes et qui ne travaillent pas actuellement et attendent forcement les concours de la fonction publique, la brave Dame les a invité à entreprendre comme elle « je dirai que tout le monde n’est pas appelé à travailler là-bas, donc ; forcement après tes études, il faut songer à entreprendre et pour entreprendre, il faut d’abord avoir quelque chose sur et dans quoi tu te sens bien : par exemple moi, je n’ai pas hésité à faire le nettoyage parce que c’est quelque chose que j’aime faire ,j’aime faire les tâches ménagères à tel point que si une autre personne les fait, je trouve que ce n’est pas bien fait et je suis contente si c’est moi qui les fait . Lorsqu’il s’est agi de voir dans quel domaine je vais bien me sentir, et mieux m’en sortir automatiquement, j’ai pensé au nettoyage ; j’aime quand tout est bien propre, bien .ranger »
Il faut surtout avoir l’amour de l’activité que tu veux mener, être courageuse et ne pas s’entendre à ce que ça prenne d’un coup, a-t-elle précisé « je suis là depuis 2018, mais je ne baisse pas mes bras, c’est surtout la persévérance, aimer ce que tu veux faire parce que si tu te dis que comme les concours n’ont pas marché , je vais essayer d’entreprendre quelque chose sans passion, ça sera difficile pour que tu puisse tirer ton épingle du jeu . La recherche de l’argent ne doit pas être le but 1er ; il faut d’abord aimer ce que l’on veut faire et que tu te mettes en tête que c’est également ta part d’aide que tu apportes à la société. Souvent, après la paye des femmes à la fin du mois, je me retrouve sans rien, ce n’est pas pour autant que je vais baisser les bras .Le fait qu’elles arrivent à subvenir aux besoins de leurs familles, est un grand soulagement et un ouf pour moi ».
Et pour conclure, elle a confié aussi faire du très bon savon liquide qu’elle met dans des bidons de 5à 30l « Le bidon de 5l est vendu à 2000Fcfa et celui de 20l à 5000Fcfa et celui de 30l à 9000Fcfa ».
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