Du 06 au 10 février 2023, s’est tenue à Loumbila (commune rurale et un département situé à une quinzaine de la capitale Ouagadougou, dans la région du Plateau-Central), une formation sur le Féminisme au profit du Collectif des Féministes du Burkina Faso (BF).
« On dit que l’histoire de la chasse est racontée différemment selon que c’est le chasseur qui raconte ou selon que c’est le gibier qui raconte et jusqu’à présent, ce sont les chasseurs qui ont raconté , ce sont les hommes qui ont raconté l’histoire et il faut que les femmes aussi sachent que nos ancêtres femmes ont été des combattantes de la liberté, des combattantes pour la justice sociale et des combattantes pour leurs droits et c’est cela qui nous permet de mieux enraciner nos luttes dans notre contexte et il va de soi que le mot Féminisme en tant que mot, est un mot français et un mot français ne peut venir que d’Europe ; peut-être qu’l va falloir que nous cherchions dans nos propres langues également comment nommer nos réalités »Dixit Awa Fall/Diop , Féministe Sénégalaise et formatrice.
Plus d’une vingtaine de femmes engagées issues de la presse, des OSC (organisations de la société civile), de l’enseignement (post primaire et supérieur), de la santé (des docteurs) se sont familiarisées à ce concept. La rencontre des six jours a été possible grâce à IPBF (initiative pananetugri pour le bien-être de la femme).
Pendant la formation des six jours, Awa Fall/Diop, Féministe Sénégalaise est revenue sur l’historicité de Féminisme en Afrique « souvent on dit que le Féminisme est importé d’Europe, mais d’abord dans notre contexte africain, à part nos langues nationales, qu’est-ce-qui n’a pas été importé d’Europe ? Les voitures que nous conduisons sont importées d’Europe, les lampes que nous utilisons sont importées d’Europe, même le format de nos habitations sont importées d’Europe ».
Et pour Awa, dire que le Féminisme est importé, ne signifie en aucun cas que les femmes africaines ne se sont jamais battues pour leur développement « parce que dire que le féminisme est importé, c’est dire que les femmes africaines ne se sont jamais battues pour leurs droits , que les femmes ne se sont jamais mobilisées alors qu’on retrouve à travers l’histoire que ce soit dans l’ère coloniale, que ce soit dans les luttes pour acquérir l’indépendance, on a vu que les femmes étaient là et quand on écrit l’histoire, on écrit le point de vue des hommes parce que ce sont jusqu’à présent des hommes qui ont écrit l’histoire ».
Cette formation étant une formation d’adultes selon les dires de Awa, Awa reconnait avoir beaucoup appris des participantes même si elle aussi leur a apporter beaucoup d’éclaircissement sur certaines zones d’ombres « parce que nous sommes en formation d’adultes et les adultes ne sont pas vierges d’expériences. Chaque personne dans la salle est venue avec un background, chaque personne est venue partager son expérience, partager ses convictions dans le cadre de cette formation.
Ce que moi j’ai apporté, c’est simplement les mettre en connexion , leur permettre d’échanger sur le parcours personnel, et l’interrogation de leur parcours personnel , leur faire davantage prendre conscience de certaines discrimination dont elles font l’objet sans s’en rendre compte parce que ces discriminations sont tellement imprégnées dans le tissu social, dans les activités de tous les jours que souvent on se rend pas compte qu’on discrimine une femme ou même en tant que femme victime de discrimination et c’est important d’être en ballade et je pense que désormais chacune d’entre nous , chacune d’entre elle fasse preuve de violence de ne pas être discriminée et aussi de ne pas discriminer d’autres femmes ».
Il fallait la tenue d’une telle rencontre ; se sont exprimées fièrement les participantes Zita Désirée Belem et Rihanna Traoré.
Désirée a indiqué que la formation lui a permis de mieux connaitre la notion du Féminisme et elle s’est aussi familiarisée à ce concept à polémique. Elle a en outre ajouté qu’elle partagera ses connaissances et sensibilisera la population autour de ce fameux mot en faisant comprendre à cette population ce qu’elle a compris du mot Féminisme.
Quant à Rihanna Traoré, elle a souligné qu’avec les modules abordés, elle pourra les utiliser et les partager aux membres de sa structure et également mettre en pratique ce qui a été évoqué c’est à dire continuer la lutte contre les VBG (violences basées sur le genre), la lutte contre l’effectivité des droits des femmes en ce qui concerne la santé sexuelle et reproductive, la justice et tout ce qui concourt au bonheur de la femme et de la jeune fille en particulier.
Des prestations artistiques, un mot de remerciement de la Coordonnatrice du Collectif (Madame Mariam Lamizana) à l’endroit de IPBF et une photo de famille ont mis fin aux travaux.
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