« Nous avons appris beaucoup de choses durant ces sept jours d’échanges : je dirai que nous avons appris une grande partie de notre vie ; une vie qui va débuter à partir d’aujourd’hui ; une vie qui a débuté depuis le jour où nous avons franchi la porte de la formation.
Nous comptons relayer l’information à l’issu de cette formation. Nous allons faire passer les messages dans les écoles, au niveau de ma communauté, auprès des aides ménagères pour leur faire comprendre qu’une femme a sa place dans la société et une femme doit avoir le respect. Nous devons briser le silence qui est ancré en nous depuis des années. Aujourd’hui, je dirai que ce silence a été brisé et aussi je pense que les sœurs comprendront et briseront le silence, le système patriarcat (qui oblige la femme à la soumission et qui est parfois victime de torture). Aujourd’hui, nous voyons qu’il y’a des portes qui se sont ouvertes et ces portes nous permettront de défendre nos droits, de savoir dire non s’il y’a des violences » Dixit Sakinatou Ouédraogo, présidente de l’association pour la défense des droits des aides ménagères et domestiques (ADD-Burkina) et également secrétaire générale des femmes du sahel terre d’opportunité du Burkina Faso (BF), une des participantes.
Débutée le mardi 26 avril 2022 du côté de Loumbila, commune rurale (localité située à une vingtaine de kms de la capitale Ouagadougou dans le Plateau-Central dans la province de l’Oubritenga), la session nationale de l’institut féministe africain (IFA) a clos ses travaux à travers la cérémonie de clôture le samedi 30avril 2022.
Plus d’une trentaine de jeunes Féministes du Burkina Faso (BF ) qui viennent de quatre régions( notamment la région des Hauts-Bassins (Bobo Dioulasso), la région de l’Est (Diapaga), la région du Nord ( Dori), la région du Centre-Ouest (Koudougou ) et la région du Centre(Ouagadougou) ont été regroupées pour une formation sur le Féminisme a expliqué la Directrice exécutive de IPBF (initiative pananetugri pour le bien-être de la femme) ,Wendyam Micheline Kaboré et d’ajouter que cette formation rentrait dans le cadre de l’institut Féministe africain (IFA), qui est un institut lancé par l’IPBF en janvier 2022 dont la session régionale a eu lieu à Saly au Sénégal « Et cet institut est un cadre d’expression, de formation politique activiste à l’endroit des jeunes Féministes sur le renforcement de leurs connaissances, de leurs compétences et de leurs aptitudes sur le Féminisme ».
« Relier les fils, croiser nos luttes, tisser des lendemains meilleurs » est le thème choisi par les organisatrices pour cette 1ère session.
Ce thème répond à un besoin pour elles (en tant que jeunes Féministes africains, en tant que jeunes Féministes du BF et aussi des autres pays de l’Afrique) de relier les fils avec le passé a souligné Micheline« parce qu’avant nous, il y’a eu des femmes depuis la période précoloniale, jusqu’à l’indépendance à nos jours qui se sont illustrées dans les différents pays, qui se sont battues contre l’oppression, contre le patriarcat pour que nos droits soient reconnus et acquis.
Nous sommes parties dans le passé pour illustrer et faire prendre connaissance aux jeunes Féministes que depuis la nuit des temps il y’a eu ces luttes pour les droits des femmes ».
En ce qui concerne « Croiser nos luttes », Micheline est revenue sur les différentes catégories de femmes que l’on a dans les sociétés « Nous savons que dans nos sociétés, nous avons différentes catégories de femmes : nous avons des femmes vivant avec un handicap, nous avons des jeunes femmes et jeunes filles , des femmes comme des aides ménagères et domestiques, des femmes poètes et toutes ces personnes ont des droits comme toute autre femme ; et dans le cadre de ce processus d’interconnexion de notre travail, nous avons voulu avoir un espace inclusif, un espace ou toutes les femmes se retrouvent pour partager leurs droits, pour partager leurs besoins, pour partager leurs acquis » ; ce qui fait que « croiser nos luttes » est un point très important dans leur travail a-t-elle précisé « parce que nous avons besoin d’être interconnectionnels , en tant que femmes, nous comprendre , en tant que femmes, parler le même langage , coordonner, développer notre solidarité, notre connaissance mutuelle afin de pouvoir travailler ensemble , afin de pouvoir compter les unes sur les autres ».
Quant aux « lendemains meilleurs », c’est une ouverture sur le futur a-t-elle indiqué « nous avons fait cette ouverture afin que toutes les femmes puissent se projeter, s’appuyer sur le présent, sur le passé et sur les acquis pour se développer encore d’avantage, réfléchir à des initiatives, à des stratégies qui peuvent nous accompagner dans le cadre de notre travail ».
Plusieurs activités ont été menées pendant ces sept jours d’échanges et de partages.
Avant de démarrer la session de formation selon les dires de Micheline, les participantes ont appris à se connaitre mutuellement « il était important que les participantes puissent mieux se connaitre et aussi créer une ambiance collégiale, un cadre vraiment de sororité, un cadre familial, un cadre amical, convivial qui leur permettent d’être à l’aise et nous avons créé cette ambiance , cet environnement à travers des exercices ».
A l’issu de la présentation des participantes, le Féminisme a été abordé dans tous ses sens a indiqué Micheline « Nous sommes parties dans l’histoire avec la ligne du temps pour tracer l’histoire du Féminisme .Nous avons parlé des concepts du Féminisme (ce qu’est le Féminisme, quels sont les courants et les bases du Féminisme que nous connaissons au niveau mondial, au niveau africain et dans notre pays) ».
La question de la femme burkinabé a été aussi évoquée.
« Nous avons travaillé à mettre en lumière les Femmes fortes du Burkina qui ont combattu le patriarcat, qui ont combattu l’oppression des femmes. Nous avons travaillé sur la gallérie des Féministes burkinabés et il était question pour l’exercice de présenter les femmes burkinabés, des femmes leaders dans leurs localités, dans leurs régions, donc qui ont combattu les VBG (violences faites aux femmes) et de pouvoir tracer leur histoire, tracer leur parcours pour permettre aux jeunes Féministes de savoir qu’il y’a des femmes qui ont existé: on a des modèles sur lesquels on pouvait s’inspirer pour continuer »Dixit Micheline.
En plus de ces activités, les participantes ont parlé également de l’interconnexion, de l’intersectionnalité du Féminisme et du bien-être a ajouté Micheline et de poursuivre qu’une journée entière leur avait été dédiée pour des sessions avec une psychologue « pour pouvoir parler de la santé mentale, de la santé civique qui est très important dans notre travail et nous avons imaginé un monde meilleur, un monde Féministe au sein duquel nos aspirations prêtent formes, au sein duquel nos rêves sont réalité ».
Le Féminisme selon Micheline et Sakinatou.
Le Féminisme selon Micheline, c’est une lutte idéologique pour la promotion des droits des filles et des femmes. Le Féminisme est une façon d’être, de penser, de faire qui rejette et combat le patriarcat, qui combat la discrimination, les violences et c’est une idéologie qui fait la promotion des droits des filles et des femmes
Un institut Féministe toujours selon Micheline, c’est un institut au sein duquel on apprend, on se guérit, on se soutient, on s’amuse, on danse.
Sakinatou quant à elle, « Le Féminisme, c’est tout d’abord un corps d’agissement, un corps de mouvement, un corps ou nous devrions apporter notre touche pour le bien-être de la famille et de la jeune fille » et de conclure que ce qu’elle a pu retenir est que « le Féminisme réside en toutes les femmes, dans tous les corps des femmes. Toute femme peut se sentir Féministe parce qu’être Féministe, c’est connaitre l’intérêt de la femme et le défendre ».
Les participantes, animées toutes de joie et de reconnaissance pour avoir participé à une telle formation, ont souhaité que ce genre de formation puisse être répété afin de permettre à d’autres jeunes Féministes comme elles d’en bénéficier. Elles ont émerveillé le public invité à travers leur rendu, leurs explications de tout ce qu’elles ont appris pendant les sept jours.
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