« La valeur d’une personne ne repose pas sur son apparence physique, mais sur son potentiel à contribuer dans sa communauté, dans sa société, dans son pays et quand je regarde une personne handicapée , tant que cette personne peut réfléchir, peut raisonner, la personne a du potentiel à donner, ce n’est pas à nous de juger une personne faible, ce n’est pas à nous de dire à une personne qu’elle ne peut pas ; c’est de l’observer et l’aider à avoir le complément de ses limites pour pouvoir s’affirmer et avant de pouvoir l’évaluer et dire quoi que ce soit, si non, sur la base de l’apparence physique, dire qu’une personne peut, une personne ne peut pas, ce sont des préjugés et cela handicape et c’est à ce moment que la personne devient handicapée, ce n’est pas le handicap en soi qui limite la personne, ce sont les obstacles sur la base de son handicap, les obstacles qu’on met sur son chemin qui la limite » Dixit Carine.
Handicapée de naissance, celle dont l’âge est compris entre 25 à 35 ans, est juriste de formation et Chargée de projet à l’ONG Voix de femmes dans le cadre du Projet « Se défendre ».
Féminin Actu a découvert cette brave jeune fille lors de la formation organisée par Equipop du lundi 22 au jeudi 25 avril 2024 à Ouagadougou.
Carine est revenue sur son militantisme dans les associations.
« Je porte la cause de mon pays à cœur et je vois qu’il fait face à beaucoup de phénomènes comme l’insécurité et bien d’autres défis et j’ai remarqué que les plus vulnérables dans les défis auxquels nous faisons face sont les femmes et les enfants, c’est pourquoi j’ai choisi d’être militante dans une association. Je porte la cause des femmes et des enfants à cœur. J’ai pensé que m’intégrer dans une association va me permettre de plus apporter mon soutien d’une manière ou d’une autre vue que j’ai été formée sur le plan juridique parce que je suis juriste de formation et aussi j’ai des expériences de vie personnelle, j’ai travaillé un an au Canada (dans un pays qui est très développé où j’ai observé beaucoup de choses que j’aurai aimé intégrer dans mon pays puisqu’on ne finit jamais d’apprendre, on ne finit jamais d’innover. Donc, mon objectif, c’est d’intégrer les associations parce qu’elles sont plus proches des populations, et sont plus impliquées dans leur vie et en les intégrant, cela allait me permettre aussi d’apporter ma touche d’amélioration à ce que je puisse faire ».
Les personnes handicapées rencontrent d’énormes difficultés.
En tant que personne handicapée, je rencontre d’énormes difficultés ; on est dans une société dans laquelle les pesanteurs socioculturelles prennent de l’ampleur et persistent. La société a une perception très négative sur la personne handicapée, elle la considère comme une personne qui ne peut rien faire, une personne à charge, une personne qui n’est pas productive, une personne qui encombre souvent selon certains aspects et une fois que tu portes un handicap, on te colle ce côté de personne à charge lorsque ce n’est pas le cas. Les personnes handicapées selon moi, ce sont des personnes très géniales, géniales dans ce sens que ce sont des personnes même privées de quoi que ce soit arrivent à avoir des aptitudes qui leur permet de faire face à leur quotidien, de pouvoir interagir avec les autres sans difficultés, a souligné avec consternation Carine Ouoba.
Cependant, on remarque que contrairement à ce que nous pouvons attendre, la société a une connotation négative sur les personnes avec un handicap, les amener à être exclu, a-t-elle poursuivi « Je peux parler du fait que par exemple souvent, tu as des aptitudes pour faire quelque chose, mais comme on te voit comme personne handicapée, tu n’arrives pas à t’exprimer et on te limite tes opportunités , tes interventions et on empêche que tu exploites ton potentiel pour contribuer à quoi que ce soit parce que tu dois rester caché, tu ne dois pas être transparente et pourtant, nous sommes des personnes comme tout le monde, on a envie de participer, c’est quelque chose qui est naturel à l’être humain d’être utile à sa communauté et le fait d’être , c’est ce côté où on exclut ces personnes ; on joue sur leur estime personnelle parce qu’il faut reconnaitre que l’être humain se construit en majorité par les acquis que nous obtenons de nos familles, de nos sociétés et vue que la personne handicapée se trouve dans une société où on la marginalise, on l’exclu, il y’a une faible construction de son estime personnelle : la personne n’a pas la confiance en soi ; ces personnes ont du potentiel, cependant limitées par le fait qu’elles n’ont pas confiance en elles surtout à ce que la société les a fait croire ».
Un Mot à l’égard des personnes qui ont des préjugés sur les personnes handicapées.
Valorisez vos enfants handicapés et accompagnez-les en construisant leur estime de soi afin qu’ils se sentent utiles dans leur société.
« Valoriser vos enfants, construisez leur estime personnelle, les aider à avoir confiance en eux et vous serez surpris de voir le résultat qu’ils vont donner à travers le potentiel qu’ils ont en eux. C’est dans ce sens qu’on peut profiter du potentiel de tout le monde et ce que je vais ajouter aussi, c’est que le Burkina Faso (BF) étant un pays pauvre, on ne doit pas se donner le privilège d’exclure un certain nombre de potentiels dans la roue du développement : il faut inclure tout le monde, toute personne qui peut raisonner, qui peut réfléchir a du potentiel à accorder et la personne handicapée, bien qu’elle soit limitée physiquement ou quelque manière que ce soit, c’est une personne qui a des capacités très ordinaires d’innover des attitudes, des manières pour pouvoir surmonter son handicap et pouvoir contribuer aussi. Il faut forcement les prendre en compte afin qu’elles se sentent humaines et utiles c’est à tout à fait normal pour une personne humaine, de se sentir utile ».
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