Lutte contre les violences basées sur le genre (VBG) : Au moins 114 cas de VBG documentés par YamWekré.

La Coordinatrice du Projets, Joséphine Kiemdé.

Le Burkina Faso (BF) est confronté depuis 2016 à des attaques terroristes sur l’ensemble du territoire dont les impacts aux plans humain, social, économique et du vivre-ensemble sont incalculables. Le niveau de violence atteint et l’insécurité ont eu pour conséquence une crise humanitaire avec pour corollaire des milliers de déplacés internes et le nombre de femmes déplacées internes serait supérieur à celui des hommes (plus de 52%, confère étude Yam Wekré).

Le déplacement des populations touchées par la violence armée renforce les vulnérabilités chez les femmes et filles et les exposent à des risques de VBG.

En vue d’améliorer le respect des droits des femmes et filles PDI (personnes déplacées internes) à travers la vulgarisation des informations sur ces violations et la promotion de la prise en charge holistique des victimes, l’ONG Yam-Wékré et ses  partenaires techniques et financiers que sont USAID et Freedom House ont mis en œuvre un Projet de documentation des cas de violences basées sur le genre subies par les femmes déplacées internes et plaidoyer pour la prise en charge holistique dans les régions du Centre-Nord et de l’Est.

La présentation des résultats dudit Projet a été faite le jeudi 14 novembre 2024 à Ouagadougou au cours d’une conférence de presse qui a réuni des médias publics et privés de la presse en ligne, de la presse écrite, de la télévision et de la radio.

D’une durée de huit mois (de mars à octobre 2024), ce projet  qui  est la 2ème phase d’un 1er Projet dont la mise en œuvre a eu lieu en 2021, a permis à l’équipe de Yam Wékré de documenter au moins 114 cas de VBG dont 58 dans la région du Centre-Nord et 56 dans la région de l’Est qui ont été choisies par l’étude a expliqué la Coordonnatrice du Projet , Joséphine Kiemdé et d’ajouter que suivant la typologie des VBG , 66 des cas de VBG documentés sont des violences psychologiques contre 32 cas de violences sexuelles ou viols, 5cas de violences culturelles, 5cas de violences physiques et 6cas de violences économiques et dénis de ressources.

Les journalistes

Et sur les 114 survivantes interrogées, 99 ont cité les membres des groupes armés terroristes comme étant les présumés auteurs soit 86,84% ; 15 survivantes ont indexé les membres de leurs familles (mari, oncle, frère du mari) et les membres de la communauté hôte comme auteurs de VBG, 03 cas de violences sexuelles ont pour auteurs présumés des inconnus et 02 cas de violences économiques, leurs employeurs, a-t-elle précisé.

Prise en charge médicale et psychologique par le Projet.

Au moins 98 survivantes de VBG dont les cas ont été documentés sur un total de 114cas, ont eu besoin d’une prise en charge médicale et psychologique directe, a-t-elle souligné « parmi les 98 victimes, il y’a les 66 victimes de violences psychologiques qui ont été prises en charge sur le plan psychologique et les 32 victimes de violences sexuelles qui ont bénéficié à la fois de la prise en charge médicale et psychologique. Parmi les 32 victimes de violences sexuelles prises en charge, au moins 14 ont été délivrées par l’armée ».

Référencement vers les partenaires.

Dans ses propos, Joséphine est revenue sur l’intervention de Yam Wékré qui a visé la modélisation de la prise en charge holistique des femmes et des jeunes filles PDI victimes de VBG par les différents acteurs locaux (autorités locales, acteurs humanitaires et organisations de défense des droits humains). En plus de la prise en charge médicale et psychologique directes, Yam Wékré a initié des actions de sensibilisations et de plaidoyer visant la prise en charge holistique des victimes de VBG par différents acteurs ciblés et pouvant satisfaire au moins un des besoins des victimes de VBG pour être plus résiliente, a-t-elle mentionné  et d’indiquer que ces activités ont été organisées sur la base de rencontres qui ont ensuite permis le référencement des victimes et leur prise en charge par d’autres organisations et services partenaires.

Difficultés rencontrées.

Pour Joséphine, ce sont essentiellement des difficultés d’ordre pratique et sécuritaire qui ont constitué des limites objectives à ce rapport et l’insuffisance des ressources des partenaires n’a pas permis d’expérimenter à grande échelle le plaidoyer pour la prise en charge holistique des victimes ; ce qui a affecté la satisfaction de certains besoins tels que l’accès aux financements et aux activités génératrices de revenus, la formation aux métiers, les recours devant la justice .

Quelques recommandations ont été formulées et l’on peut retenir entres autres :

Pour ce qui est des recommandations à l’endroit de l’État, l’ONG a souhaité qu’il prenne toutes mesures nécessaires visant à prévenir et à protéger les femmes et les jeunes filles déplacées internes contre les VBG en veillant particulièrement à l’amélioration des services de prise en charge sanitaire et psychologique des victimes, à l’identification et à la condamnation des auteurs conformément à la loi.

A l’endroit des acteurs humanitaires et des OSC (organisations de la société civile) de droits humains : ils doivent renforcer leurs interactions et s’inscrire dans une dynamique de mutualisation de leurs efforts pour apporter une assistance holistique d’urgence à plus de survivantes (matérielle, alimentaire, médicale, psycho-sociale, légale). Pour cela, ils doivent évaluer les obstacles qui, les empêchent de collaborer efficacement et adopter de nouvelles procédures et pratiques qui renforcent la culture de l’action commune. Ces nouvelles procédures et pratiques peuvent inclure la priorisation des femmes PDI victimes de VBG et l’établissement d’un fichier unique de prise en charge des femmes PDI victimes de VBG.

L’association Yam Wékré pour l’épanouissement de la femme (AYWEF) est une organisation de la société civile à but non lucratif et apolitique. Elle compte environ une centaine de membres composés de femmes, de jeunes filles et garçons. Elle est présente dans la ville de Ouagadougou et dans les communes rurales. Elle est également active dans les régions du Nord, du Centre-Nord et de l’Est. Elle a pour objectif général de promouvoir l’épanouissement à travers les activités de promotion et de défense des droits de la femme et de la jeune fille.

benedicteoued@gmail.com

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.