« A travers ce projet, nous comptons vraiment toucher la racine du mal parce qu’il faut forcement passer par les jeunes puisque c’est la jeunesse qui est concernée par ces MGF (mutilations génitales féminines) et par ce mariage d’enfants. Il faut toucher les élèves qui sont les relais et qui peuvent nous aider à passer facilement le message autour d’eux et même au-delà des établissements » Dixit Elodie Tiendrébéogo, la représentante de l’ONG Saida internationale (ONG allemande qui intervient au Burkina Faso (BF) depuis 2011).
« Leur protection, c’est toi » est le projet mis en œuvre par l’ONG (organisation non gouvernementale) « Saida » en collaboration avec l’association « Awa » et l’ONG « Voix de Femmes ».
La cérémonie de lancement a eu lieu le lundi 28 mars 2022 à Ouagadougou.
La lutte contre l’excision et le mariage d’enfants, deux violences basées sur le genre (VBG) datent d’une trentaine d’années selon les dires de la présidente de « Voix de Femmes », Mariam Lamizana.
Le problème posé à la conscience nationale, le problème étant compris mais dont la pratique se perdure, pour Mariam, il fallait toucher la franche jeune et également toucher la composante jeune du corps enseignant, du personnel de la vie scolaire et les associations des parents d’élèves pour qu’ensemble le maximum d’informations puissent passer en milieu scolaire et c’est dans ce sens que ce projet a été monté avec le concours de leur partenaire Saida et voix de femmes avec l’association Awa « vous savez que la pratique concerne la franche jeunes et donc ce sont des victimes et en même temps des acteurs. Autant leur donner le maximum d’outils pour qu’ils puissent se défendre ».
Au moins 51 enfants de dix établissements secondaires seront ciblés pour faire passer les informations et ces enfants outillés seront des relais auprès de leurs camarades, a-t-elle poursuivi « parce que je suis convaincue que c’est de cette manière que nous allons aboutir à la tolérance zéro ; il faut que le maximum de personnes soient informées ; le maximum d’acteurs soient concernés par la lutte comme la dénomination du projet « Leur protection, c’est toi », toi, c’est vous, c’est moi, c’est tout le monde ».
Et parlant d’outils, Elodie de l’association Awa est revenue sur les plus essentiels à savoir « pouvoir convaincre les élèves qu’ils sont aussi responsables dans la société, leur donner la manière de dénonciation (comment dénoncer ces différents cas et comment référer une victime que vous croisez à un centre de compétences pour une prise en charge, à quel moment dénoncer, à quel moment intervenir pour sauver une vie qui est menacée par cette pratique ou un mariage d’enfants à travers des brochures que nous avons conçues avec les différentes étapes que sont l’approche, la sensibilisation… et ils auront aussi des numéros verts ) ».
Ce projet est testé pour l’instant au niveau de la capitale Ouagadougou, et sera élargi à d’autres villes si toutes fois les objectifs sont atteints foi de Mariam Lamizana « si les objectifs sont atteints, nous verrons comment l’étendre (le projet) sur les autres provinces. Donc, comme c’est une initiative test, et comme c’est aussi la 1ère fois que nous travaillons ensemble (si non que l’association Awa réside dans le Boulgou dans le Centre-est), on pourra voir comment l’élargir aux autres provinces. Cependant, on teste d’abord au niveau de Ouagadougou pour voir si le message passe, pour voir quels sont les objectifs qu’on peut atteindre et tirer des leçons des difficultés que nous allons rencontrer. Il faut aussi savoir que les dix établissements sont aussi bien privés que publics ».
Le lancement a commencé par les formations et quand les élèves seront en classes, commenceront les podiums et nous ferons de telle sorte que ce projet n’empiète pas sur les cours car nous voulons des élèves conscients et déterminés à protéger leur santé à travers la lutte contre la pratique de l’excision , mais nous voulons également des élèves bien formés, bien éduqués pour un Burkina meilleur a précisé Mariam Lamizana.
Malgré les progrès, la lutte contre les VBG doit se poursuivre jusqu’à leur éradication totale.
« Nous pouvons dire de manière qualitative qu’il y’a eu des progrès : vous savez que nous sommes dans la lutte il y’a bientôt 30ans.Nous pensons que les populations ont compris à travers les sensibilisations ; que c’est une pratique néfaste qu’il va falloir abandonner. Nous avons beaucoup de résultats positifs , maintenant en terme de chiffres, nous travaillons toujours sur les même données en attendant des nouvelles données, donc pour dire que dans la tranche de 0 à 14ans sur lesquels nous travaillons toujours, nous sommes à 11 ;3%.vous comprenez qu’il y’a encore beaucoup à faire . Dans la tranche d’âges de 15 à 49ans qui concerne les femmes en âge de procréer, nous sommes à 67,7%, ce qui veut dire qu’il y’a encore du travail à faire » Dixit Ursule Viviane Taro, chef de département des questions juridiques et des relations avec les acteurs au Secrétariat Permanent du Conseil national de lutte contre la pratique de l’excision.
Ursule a en outre mentionné que la pratique de l’excision était tombée dans la clandestinité et avec la situation sécuritaire
et sanitaire, un constat a été fait, a-t-elle souligné « nous constatons toujours qu’il y’a des personnes qui continuent malheureusement à pratiquer l’excision sur des bébés qui, malheureusement ne peuvent ni s’exprimer ni parler ; c’est cela surtout qui est la difficulté majeure à laquelle nous faisons face ».
En plus de cela, une étude expérimentale basée sur l’observance sexiste a permis malheureusement de se rendre compte que
La pratique persiste dans certaines zones notamment le Plateau Central, le Nord et le Centre-Est, a-t-elle ajouté « cela veut dire que nous devons redoubler de sensibilisations au niveau des populations parce que lorsque nous nous taisons, les gens ont l’impression que la pratique doit continuer ».
Ursule pour conclure a indiqué qu’il existait une loi qui réprimerait toute personne qui s’adonnerait à cette pratique.
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