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Du 25 au 29 janvier 2021, s’est tenu à Bamako, dans la capitale malienne, un atelier de formation sur la gestion des conflits au profit d’une trentaine de jeunes femmes venues du Burkina Faso, du Mali et du Niger.
Pendant cinq jours, ces femmes issues du Vivier d’expertise féminin pour une gouvernance inclusive des femmes dans le Sahel (programme du leadership Féminin) se sont familiarisées sur la thématique relative à la prévention et la gestion des conflits à travers les connaissances acquises du processus, les techniques et les étapes de gestion conflit, l’identification des mécanismes traditionnels de gestion de conflits dans leurs communautés et régions, à la maitrise des outils d’analyse des conflits, à la compréhension du rôle des femmes dans la gestion et la transformation des conflits et à la compréhension des éléments basiques sur la sensibilité au conflit et communication non violente.
« Dans nos différents mécanismes de gestion de conflits, très souvent les femmes certes majoritaires dans la société ne sont pas forcément impliquées dans l’usage concernant ces mécanismes dits traditionnels ; même si parfois on remarque que ces mécanismes mis en place sont utilisés par les partenaires, les ONG, les groupements de sociétés rurales » a souligné tristement l’un des formateurs et d’ailleurs Enseignant chercheur Aly Tounkara.
Pour lui, cette formation avait pour objectif de faire en sorte que les différentes participantes du dit atelier puissent non seulement s’approprier ces mécanismes dits traditionnels de gestion de conflits, et en même temps, comprendre aussi le rôle important que peut jouer la femme en milieu rural dans le Sahel afin de pouvoir prendre part à la prévention et à la résolution des conflits auxquels elles feront face.
L’implication effective des femmes dans ces mécanismes de gestion de conflit, naturellement demande des changements en trois temps, a-t-il poursuivi :
Tout d’abord, il faudrait que chacun de nous ait le courage de questionner certaines pratiques culturelles particulièrement intéressantes qui font parties des attentes du moment ; cependant, il faut reconnaitre que ces parties culturelles méritent adaptation, modification, voire suppression.
Quant à la seconde préoccupation, il a insisté sur le fait que nous ne devons pas oublié que nous sommes signataires de textes, d’accords et de conventions ratifiés par nos Etats et de ne pas non plus oublier que nous sommes membres des différentes organisations soit régionales ou sous régionales , des organisations qui prévoient toutes implication effective des femmes dans les décisions de conflits.
C’est pourquoi il a invité les femmes à prendre elles-mêmes conscience de toutes ces avancées qu’elles soient juridiques , ou même des avancées dites aujourd’hui conflictuelles au Mali, au Burkina Faso et au Niger qui font aujourd’hui l’objet d’attaques terroristes parce que ces localités sont en proie à l’insécurité « l’engagement féminin reste indispensable pour la réussite de l’action militaire , la fourniture et la collecte de renseignements qui peuvent être faits par l’ensemble d’acteurs, mais je crois que les femmes restent les actrices les mieux indiquées pour accomplir une telle mission ».
Et pour finir, il est revenu sur le fait que tous les mécanismes sans exception pouvaient être d’une manière ou d’une autre adaptés voir conceptualisés afin que les femmes puissent s’en approprier même ceux liés aux pratiques magiques ou aux pratiques spirituelles ou sur la volonté d’afficher incontestablement les femmes d’une manière ou d’une autre afin qu’elles puissent prendre part aux résolutions des conflits « c’est déjà les mécanismes dits alternatifs qui sont proposés par les structures de développement qui sont les ONG (organisations non gouvernementales) et les partenaires de développement, ces mécanismes déjà font l’objet d’une présence appuyée par l’exercice féminin ».
Il n’ya pas de mécanismes appropriés, il s’agit de la manière dont ils sont appliqués et la manière dont les personnes appliquent ou maitrisent les outils.
Amadou Cissé, le 2ème formateur et consultant indépendant dans le domaine de la gestion des conflits et de question de gouvernance , leadership, décentralisation, médiation, négociation qui pense que 75% de femmes ont assimilé leur formation car il aurait entendu certaines qui disaient qu’elles allaient changer leur manière de communiquer avec les autres , a expliqué qu’il n’yavait pas de mécanismes appropriés « il s’agit de la manière dont ils sont appliqués et la manière dont les personnes appliquent ou maitrisent les outils ; relativement tous les mécanismes qui sont d’actualité et qui sont utilisés par tout le monde, sont capables de résoudre les conflits, mais cela dépend des personnes qui les mettent en œuvre , cela dépend du contexte, et aussi les acteurs avec lesquels on travaille ».
Selon Amadou , pour impliquer d’avantage les femmes dans la résolution des conflits, il faut d’abord renforcer leurs capacités et compétences techniques en matière de prévention et gestion de conflits « il est important aussi que les femmes puissent avoir la capacité de se faire valoriser elle-même dans tout le processus ».
En prenant l’exemple de la loi de 30%, au Mali, il a préconisé qu’i y’ait aussi 30 femmes dans les institutions de décisions « Il faut qu’on sache quelles femmes qu’on nomme ; savoir si elles ont les capacités, les compétences nécessaires pour jouer leur rôle, si elles l’ont, tant mieux, cela concourt à la promotion des femmes, mais si elles ne l’ont pas, cela les discrédite , c’est pour cela je pense que les compétences de tous les acteurs doivent être développées surtout au niveau des femmes et depuis quelques années, on a senti la nécessité impérieuse d’impliquer et de responsabiliser les femmes dans toutes les instances de prévention et gestion des conflits, puisqu’en général elles sont les principales victimes de ces conflits ».
Des participantes se prononcent à l’issue de la formation
Nana Alassane Touré membre du Vivier Mali a trouvé que les cinq jours de formation étaient assez actifs et intéressants puisqu’elles ont appris pas mal de choses concernant la transformation positive du conflit et aussi c’était une occasion pour elle de rencontrer les autres femmes des autres pays que sont le Burkina Faso et le Niger « on a eu des interactions, on a discuté des problèmes communs dans divers domaines concernant la transformation positive du conflit dans nos différents pays mais aussi les rôles que les femmes et les jeunes peuvent jouer dans la gestion de ces conflits ; nous avons aussi eu des informations sur la communication non violente c’est-à-dire comment se mettre à la place de l’autre et pouvoir discuter avec elle en essayant de la comprendre , de l’écouter pour pouvoir avoir de bonnes discussions avec elle et ces genres de sessions nous servent aussi bien dans nos vies que dans nos milieux professionnels et communautaires et cela nous aide à interpeller les uns et les autres quand il y’a problèmes ».
En tant que militante dans les associations de femmes et jeunes au niveau national mais aussi dans les organisations de femmes, et on essayera de voir comment appliquer tout ce qu’on a appris ici en termes de connaissances théoriques et critiques , de partager avec les membres des organisations dans lesquelles je milite mais aussi de voir ensemble comment on pourra appliquer ce qu’on a appris au niveau communautaire , au niveau des personnes interpellées , a-t-elle dit.
Quant à Fatoumata Idrissa Keita / Maiga, aussi membre du Vivier Mali et agent à WILDAF qui s’est dite très satisfaite d’avoir participé à un tel atelier et de retrouver elle aussi ses sœurs du Niger et du Burkina Faso, a promis de faire des restitutions dans les communautés une fois retournée auprès des siens.
Elle a lancé un cri de cœur à l’endroit des Autorités maliennes afin qu’elles puissent vraiment impliquer les femmes dans le processus de résolution des conflits.
Tout comme Fatoumata, Aminata Coulibaly/Sangaré, Honorable qui dit être animée d’un sentiment de joie et de satisfaction, a indiqué que cet atelier lui a permis d’acquérir des connaissances sur tout le processus de prévention et de gestion des conflits .
« Nous comptons mettre en œuvre toutes les compétences acquises au cours de cette formation pour une meilleure prévention et gestion de conflits dans nos communautés », a-t-elle souligné avec conviction.
Pour la Burkinabé Antoinette Guingané/Ouédraogo, inspectrice au ministère de l’éducation nationale qui s’est sentie elle aussi de faire partie du groupe des femmes bénéficiaires de cette formation et d’avoir de grands formateurs, cet atelier lui a permis de connaitre et comprendre les types et les formes de conflits, d’analyser les conflits à travers des outils d’analyse comme l’oignon, l’iceberg et l’arbre et aussi d’avoir des notions sur la communication non violente.
« ce qui m’a le plus intéressé, c’est l’étude de cas ; durant ces cinq jours, chaque pays a eu à étudier un cas concret de conflit et chaque pays a pu analyser ce conflit en partant des acteurs directs et indirects, des types de conflits à l’analyse, on a pu identifier les besoins et les intérêts et les positions », a-t-elle confié.
Laila, Mohamed Sidigali Rhoni Lailla, coordinatrice de l’ONG AGAL sur l’agro pastoralisme au Niger membre du Vivier Niger qui a insisté sur le fait qu’un conflit ne doit pas être sous-estimé quel qu’en soit sa nature, abondant dans le même sens que son prédécesseur, reconnait être renforcée en capacités sur la prévention et gestion de conflits . Des attestations de participation ont été remises aux participantes.
En rappel, le Vivier d’expertise féminin a été mis en place dans le but de renforcer la voix des femmes de la société civile en matière de sécurité et regroupe les femmes des trois pays que sont le Burkina Faso, le Mali et le Niger (pays touchés par le terrorisme) ;ce programme a été mis en place par le Groupe Danois de Déminage (DDG) et WANEP réseau ouest africain pour l’édification de la paix) Burkina et soutenu financièrement par l’Union Européenne.
benedicteoued@gmail.com