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Le Burkina Faso, pays des hommes intègres, jadis pays de paix, de quiétude, ou il faisait bon vivre, un pays dans lequel on pouvait manger son poulet bicyclette sans être inquiété, à l’instar des autres pays du Sahel (Mali, Niger), est confronté depuis quelques années au terrorisme, cette plaie qui s’infecte de jour en jour et qui ne laisse personne indifférente.
La situation est tellement préoccupante que le président Roch Marc Christian Kaboré avait invité la Haute-Commissaire des droits de l’homme des nations unies, Michelle Bachelet au BF pour qu’ensemble ils puissent se pencher sur ce fléau afin que le BF retrouve sa quiétude d’antan.
Que ce soit au BF, au Mali ou au Niger, chacun de son coté, tente tant bien que mal à la soigner afin qu’elle ne se dégénère.
C’est dans cette optique, que Alhassane Abba, député malien et secrétaire général (SG) du parti CODEM (convergence pour le développement du Mali), de passage au pays des hommes intègres, après avoir rencontré ses compatriotes Maliens, a tenu aussi à rencontrer ses frères Burkinabés à travers une conférence publique qu’il a organisée le dimanche 05 décembre 2021 à Ouagadougou.
Au cours de ces échanges, cet homme politique est revenu sur les questions sécuritaires, de l’implication de la femme dans le terrorisme, sa lecture sur ce fléau, les coopérations russo-malien et autres.
Cette conférence avait pour objectif d’évoquer un peu ce que les populations du Sahel vivent des actes terroristes ces derniers temps, a-t-il expliqué « que vous et nous connaissons , c’est-à-dire les pays du Sahel (Burkina Faso, Mali et Niger) et nous nous sommes dit qu’il n’était pas mal de mettre à profit notre mission pour en parler avec nos frères du Burkina Faso (BF) , tout comme nous l’avions fait il y’a quelques instants avec la diaspora malienne , l’ensemble des Maliens qui sont ici au BF ».
Selon lui, le constat qui est fait ces derniers temps est qu’il y’a trop de tueries et très souvent des tueries en masses « des paisibles citoyens sont massacrés, sans comprendre pourquoi ; le dernier massacre, c’est celui que vous avez suivi il y’a deux jours à Bandiagara au Mali ou des femmes se rendant à un marché, ont été brutalement massacrées avec leurs progénitures, leurs enfants, leurs petits-enfants calcinés. Nous avions dénoncé cette façon de semer la terreur qui n’existait pas auparavant .Ces massacres créent l’émoi et on brise l’élan nationaliste sur beaucoup de nos gens ; sur beaucoup des fils qu’ils soient Maliens, Burkinabés ou Nigériens. Beaucoup ne sachant plus à quel Saint se vouer, perdent espoir ».
Abba qui est revenu sur l’implication des femmes dans le terrorisme, a d’abord déploré le fait que cette franche de la population soit utilisée, soit instrumentalisée par les terroristes en référence aux publications sur les réseaux sociaux (Facebook)( sur des femmes arrêtées parce qu’elles avaient camouflé de l’essence dans leurs sacs pour ravitailler le terrorisme) et aussi en référence au drame d’Inatan au Burkina qui a eu en début juin dernier.
La femme aussi bien que les enfants et les jeunes étant les 1ères cibles en période de conflits, on remarque avec amertume que depuis un certain temps, les femmes sont même actrices.
Ceci s’explique par le fait que la femme est utilisée si toute fois on veut jouer un grand coup, a-t-il dit « Si vous regardez bien les films, si tu veux jouer un grand coup, tu utilises la femme parce que personne ne s’attend à ce qu’elle soit de la partie ; ce qui fait que tous les grands coups réussissent et surprennent .C’est pour vous dire que ces gens sont prêts à tout , ils ont réfléchi à tous les scénarios , tout ce qui est possible, tout ce qui est impossible, ceux à quoi on ne peut penser, ils ont déjà réfléchi à cela » .
Et pour éviter que ni la femme ni les jeunes ne soient impliqués pour quoi que ce soit, le député malien pense qu’il faille organiser un forum de la jeunesse du Sahel pour qu’elle soit sérieusement sensibilisée parce que c’est la frange la plus malléable, c’est une franche très sensible ; il ne faut pas accepter que les gens agissent sur cette couche de la société.
Même cOkhose pour les femmes, a-t-il ajouté « pour les femmes, c’est la même chose, c’est-à-dire les sensibiliser parce que si elles sont sensibilisées, elles sensibiliseront aussi leurs paires.
Malheureusement, elles sont entrain de verser dans le terrorisme, ce qui nous inquiète ».
Le dialogue est à prendre aussi en compte, a-t-il dit « Nous disons qu’il faut dialoguer en faisant comprendre aux femmes leurs responsabilités de mères d’abord, de stabilisatrices de la société et en ce qui concerne la jeunesse, c’est une couche qu’on ne doit pas laisser pour compte, il faut qu’elle soit rassurée, qu’elle sache qu’elle n’est pas née pour être fauchée au bas âge, c’est elle qui doit assurer la relève , il faut leur dire que l’espoir est là, aidons la à trouver du travail, lutter contre leur précarité et c’est à ce seul prix qu’on pourra au moins tarir les sources de recrutements de ces gens qui attaquent, je ne veux même pas épeler leur nom ».
Qu’en pense l’homme politique de la junte malienne.
« Je ne dis pas que la junte militaire ne peut pas résoudre la question sécuritaire au Mali. Je dis qu’elle est consciente du fait que pour résoudre la question sécuritaire du Mali, il faut être suffisamment outillé et avoir des soutiens de partout. Ce qui est plausible et clair, c’est qu’elle ne règlera pas la question sécuritaire toute seule, elle a besoin de la plénitude de ses moyens : cela veut dire que non seulement elle doit avoir l’adhésion des populations maliennes, mais aussi avoir l’adhésion des partenaires et tous ceux qui interviennent au Mali, tous ceux qui nous aident qu’il s’agisse du G5 Sahel, de la MINUSMA, de BARKHANE , la CEDEAO.On a besoin de leur assistance, de leur appui. Fort heureusement, nous constatons la présence de la CEDEAO à travers ses troupes au niveau de la MINUSMA. On ne désespère pas, mais cela prendra le temps qu’il faut prendre ».
La question sécuritaire au Mali ne peut pas se régler en un temps, deux mouvements.
« Malheureusement, nous sommes dans une transition à Bamako et une transition confrontée à beaucoup de problèmes. Donc, le règlement de cette question nkme se fera pas du jour au lendemain. Celui qui vous dit qu’il viendra au pouvoir aujourd’hui et régler la question sécuritaire en un temps deux mouvements de façon spontanée est entrain de raconter sa vie. La question sécuritaire est beaucoup plus profonde, les enjeux sont beaucoup plus profonds ; donc, il faut des moyens, du temps, beaucoup d’autres expertises » a souligné Abba.
Alhassane Abba bannit le coup d’Etat.
Pour Abba, tout accès au pouvoir doit se faire de façon démocratique par les moyens des urnes et il est temps que les gens comprennent que les coups d’Etat sont bannis « celui qui fait un coup d’Etat bénéficie d’une transition très courte et il ne pourra pas régler tout ce qu’il veut régler .Tu peux peut-être poser les jalons. Je crois que si les gens veulent vraiment que leurs problèmes soient réglés, il faut les confier à des personnes qui prennent des engagements avec et devant le peuple dans leur programme de conquête de pouvoir , qu’ils en parlent et c’est sur cette base de programme que le peuple fera son choix en élisant un candidat qui est tenu de respecter les engagements pris devant le peuple avant l’élection ; auquel cas, vous vous portez la corde au cou parce que de plus en plus , les gens sont très exigeants quant aux respects des engagements pris pendant la campagne ».
Alhassane a donné son point de vue par rapport à la relation qui existe entre la France et ses colonies.
Alhassane qui a constaté que les populations du sahel ont les mêmes problèmes, a proposé à la France et aux autres pays suscités d’organiser un grand forum de la jeunesse « On veut nous mettre notre jeunesse sur le dos. On veut la faire comprendre que ce sont leurs présidents qui sont défaillants. Le problème, c’est nous-même et il faut qu’on change totalement nos façons de percevoir la défense chez nous. Il faut que nous soyons des nations à part entière qui s’assument pour devenir réellement indépendantes une fois pour toute, si non que nous allons disparaitre.
Il ne faut pas toujours accuser la France. Il faut qu’on s’accuse nous-même. Ce sont nos systèmes qui ont tué tout à l’Africain. Depuis le début, nous sommes les rares en Afrique ici qui ne voulons pas travailler avec nos mains, nos terres »
Concernant VAGNER
Je vous ai dit que je ne suis pas Vagnérien a renchéri l’homme politique malien « mais c’est l’Etat qui choisit qui il veut. Je suis citoyen, on a un Etat responsable qui sait ce qu’il fait et veut. Je vous ai dit que nous les accompagnons ».
Il a en outre confié que s’il était président de la république, s’il était décideur, il n’allait pas traiter avec VAGNER pour la simple raison que ce qu’il n’a pas pu obtenir avec la France, (avec qui il peut tout dire), cela n’est pas sûr qu’il l’aura avec les Russes « Je parle la langue française, je peux communiquer avec eux , sinon que après, c’est le russe que nous allons apprendre . En Centrafrique, si vous suivez bien les informations, on leur dit d’apprendre le russe .Donc, pour vous dire que les Russes ne vont pas se limiter à cela. Nous avons déjà trop de mal avec les Français qui nous incombent ».
VAGNER n’assurera pas l’indépendance ni la sécurité du Mali ; ce sont les Maliens qui le feront ainsi que l’armée malienne, a-t-il poursuivi « je n’ai pas cette illusion de croire qu’ils vont assurer notre sécurité. Je suis sûr et certain qu’on reprochera quelque chose aux Russes tout comme on le fait avec la France, les années à venir.
Ce à quoi j’ai confiance, c’est le génie malien, c’est le génie africain, le sursaut de tous les africains pour comprendre que trop c’est trop. Il faut qu’ils redeviennent eux-mêmes : qu’ils croient qu’ils peuvent sécuriser leur territoire, qu’ils peuvent développer leur pays, qu’ils pourront à l’avenir eux-mêmes construire des avions, pourquoi pas aller à l’enrichissement de l’uranium comme certains le font aujourd’hui ».
Faut-il négocier ou combattre les terroristes ?
Oui et non, il faut faire les deux à la fois parce que dans les rebellions, il y’a toujours des gens très flexibles, a précisé Abba « les gens ne sont pas les mêmes. Certains sont prêts à venir aux négociations, d’autres non. Regardez au Tchad, ils ont lancé un appel au dialogue, certains ont répondu, d’autres par contre ont continué à poser des conditions.
Au Mali, s’il y’a un point auquel je suis d’accord avec les gens, c’est que le dialogue qu’ils convoquent chez nous permettra aux gens de vider leurs sacs et là où nous ne sommes pas d’accord avec eux, c’est le fait de lier le dialogue à la prolongation du mandat de la transition. Pour nous, le dialogue entre les fils du pays est nécessaires et si cela doit nous emmener à la stabilité, nous le saluons et l’encourageons. Mais, il ne faut pas en profiter pour dire bon voilà puisque c’est un dialogue, c’est le dialogue qui nous permet de faire cinq ou six ans ; c’est cette astuce, ce manège que nous craignons ».
benedicteoued@gmail.com