Solidarité féminine : Des femmes s’imprègnent des conditions de vies des FDI (femmes déplacées internes) .

Contraintes de fuir leurs localités à cause du terrorisme en abandonnant tout derrière elles, ayant perdu ou n’ont aucune nouvelle de leurs maris, des femmes venues des villes de Gao (mali), Dori, Djobo, Markoye et Gorom-Gorom(villes du Burkina Faso (BF), ont trouvé refuge chez une bonne volonté habitant le quartier Toudwéogo de Ouagadougou.

La plupart de ces femmes d’ethnie Touarègue qu’on retrouve souvent au bord des grandes voies ou des feux tricolores exercent comme métier principal la mendicité a expliqué la coordonnatrice nationale de WANEP (réseau ouest africain pour l’édification de la paix) Burkina, Alice Kombary/Soulama.
C’est au regard de leur situation de vulnérabilité, que les membres du Vivier Burkina sous la houlette de Alice Kombary , des femmes de la CNF (coalition nationale des femmes) et des jeunes filles et garçons des clubs de paix de WANEP ont décidé d’aller à la rencontre de cette population le samedi 12mars2022 en vue de s’imprégner de leurs conditions de vie afin de faire des plaidoyers, des lobbyings pour elles auprès d’institutions, d’ONG (organisations non gouvernementales) et de personnes de bonne volonté a expliqué Alice .
Cette rencontre qui entre dans le cadre de la commémoration en différé des droits de la femme avait pour objectif selon Alice d’échanger avec ces femmes à bâton rompu sur un certain nombre de points que sont : « leur provenance et pourquoi avoir quitté leurs localités, pourquoi sont-elles dans les rues, quels sont leurs problèmes réels, sont-elles au courant des mécanismes et dispositifs qui ont été mis en place par le ministère du genre pour les accompagner ».
Ces femmes, plus d’une centaine, ont été regroupées et grâce aux échanges francs et sans tabous, les langues se sont déliées et ces femmes ont pu s’exprimer en toute confiance et en toute quiétude ; ce qui a permis aux invités du jour de trouver réponses à leurs préoccupations a souligné Alice.
Ces femmes dont la plupart sont des artisans et menaient des AGR (activités génératrices de revenus dans leurs localités, ont tout laissé derrière elles puisqu’elles étaient obligées de tout abandonner a-t-elle poursuivi tristement « d’autres sont même venues sans leurs maris qui ont été tués , d’autres ont pu fuir avec quelques-uns de leurs enfants et d’autres ignorent ou se trouvent leurs maris et leurs enfants et on nous confie que d’autres sont condamnées à Djibo parce qu’elles veulent quitter mais n’arrivent pas à le faire ».
Ces femmes vulnérables qui sont à Ouagadougou depuis trois mois ont été accueillies au quartier Toudwéogo (derrière la fin du mur du cimetière à droite) par des familles, des bonnes volontés qui ont voulu les accepter mais dans des conditions très difficiles, a ajouté Alice «  parce qu’elles nous ont confié être à Ouagadougou depuis trois mois. Cependant, elles n’ont pas été enregistrées par l’Etat qui selon leurs dires, n’est pas au courant d’elles. Elles n’ont pas d’activités et la famille qui les a accueilli depuis les trois mois se trouve financièrement affaiblie pour les accompagner dans leur prise en charge ».
Ces femmes sont vraiment dans le besoin et confrontées à de nombreuses difficultés a confié Alice « elles ont soulevé les problèmes de santé ; malheureusement, elles n’ont pas la possibilité d’aller se faire consulter. On nous a même présenté un enfant, orphelin (qui a été récupéré par une de ses tantes lors des fuites) qui a un problème de santé sévère.
Comment faire pour emmener cette orpheline à l’hôpital, comment l’accompagner ; c’est tout un défi pour elles. Elles sont réellement dans le besoin ».

Les femmes ont identifiés à tour de rôle leurs besoins et relever les difficultés auxquelles elles sont confrontées.
Des besoins d’accompagnement pour des métiers ont été identifiés a indiqué Alice « la production du savon, le tissage, la maroquinerie, la coiffure, la teinture et aussi le henné (djabi) et les tatouages) .Elles ont identifiés plusieurs besoins et leurs souhaits est que l’on puisse les accompagner à apprendre ces métiers suscités afin qu’elles puissent être autonomes et quitter les rues parce qu’elles sont dans les rues malgré elles. Elles n’ont pas le choix du moment qu’elles doivent faire vivre leurs familles et les familles qui les accueillent n’arrivent pas souvent à les accompagner, c’est dans le sens de laisser respirer un peu la famille hôte ».

Alice Kombary a lancé un cri de cœur à l’endroit de tout le monde.
Pour la population de Ouagadougou, Alice leur a invité de venir en aide à ces femmes et non les repousser parce que ce sont des femmes nécessiteuses, des femmes qui ont besoin de leur paires de Ouagadougou «Elles ont besoin d’aide, de solidarité communautaire qui leur donneront beaucoup d’espoir qui viendra de nous, qui viendra de tout un chacun. Nous avons pu savoir tout ce dont ont besoin ces femmes et nous pourrons orienter nos actions spécifiques en tenant compte des besoins réels de ces femmes, qu’on ne vienne pas avec des dons inappropriés » 

D’autres partenaires seront mis en contribution 
« Nous partagerons avec d’autres partenaires, d’autres organisations ce que nous avons écouté aujourd’hui ; on est venu avec la coalition nationale des femmes, une coalition constituée d’une trentaine d’organisations de la société civile et aussi des fédérations qui sont dans la coalition nationale qui sont constituées d’autres organisations »dixit Alice Kombary
Et comme notre rencontre rentre dans le cadre du programme de leadership féminin pour une gouvernance inclusive de la sécurité au Sahel (un programme appuyé et financé par l’Union Européenne en collaboration avec DDG (groupe danois de déminage) et WANEP), ces femmes du Vivier vont continuer à approfondir la réflexion sur la question, voir aussi comment orienter des actes concrets pour des plaidoyers pour qu’ensemble on essaie de voir comment accompagner ces femmes , a-t- elle précisé « nous sommes venues nous entretenir avec elles : on n’a pas d’argent ni rien à leur donner ; ce qu’on a à leur offrir, c’est notre sens d’écoute et aussi amplifier leurs voix en vue d’identifier leurs besoins et aussi une manière pour nous de marquer la commémoration de la journée de la femme et pour cela vous constatez que aujourd’hui, lorsqu’on causait avec elles, un groupe d’hommes se sont réunis pour préparer pour elles : c’était un point fort pour nous parce que les hommes disent qu’ils comprennent les défis qui se présentent en eux et quand on parle de notre histoire de genre, ils comprennent que ce sont les rôles que les femmes et les hommes peuvent jouer dans la société et sont convaincus que les travaux ménagers menés par les femmes , peuvent êtres aussi faits par les hommes pour laisser le temps aussi aux femmes de pouvoir passer à autres choses, de pouvoir contribuer au développement »
Alice pour conclure, a souligné qu’elles s’étaient d’abord intéressées aux femmes qui sont sur l’axe hôtel Palace et Patte d’Oie « on a essayé d’identifier les femmes et savoir où elles sont logées, on s’est rendu compte qu’elles sont dans la localité appelée numéro Pelga et qu’elles étaient au nombre de 500 femmes ; et comme elles sont nombreuses, on s’est dit que nous ne pouvions pas pour le moment échanger avec elles ; c’est pourquoi nous avons préféré venir ici ».
Des hommes qui étaient présents, ont eux aussi relever de nombreuses difficultés auxquelles ils sont confrontées ( un a même demandé aux autorités actuelles de lui venir en aide afin qu’il puisse retrouver ses deux femmes et enfants restés à Djibo car n’ayant pas pu faire. Ce dernier qui ,selon ses dires a trois femmes, a pu s’échapper avec une).
Les femmes ont été initiées à la fabrication du savon liquide par les jeunes filles et garçons des clubs de paix de WANEP.

benedicteoued@gmail.com

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