
« Pour moi, être journaliste féministe, appartenir à un réseau me permet de connaitre des cas puisque j’ai appris beaucoup de cas. Nous avons compris que beaucoup de femmes souffrent et ce qui est important pour moi aujourd’hui, c’est de m’intéresser aux hommes ; m’intéresser aux hommes pour leur dire, c’en est assez.Les
Que ce soit les filles ou les garçons, nous avons grandi avec de bonnes valeurs et que le garçon sache que dans son foyer, c’est sa responsabilité de protéger sa femme, de protéger ses enfants ; que la femme aussi sache que dans son foyer, sa responsabilité est d’être soumise à son mari et indemne à l’école : que le jeune garçon protège la jeune fille et qu’elle sache qu’elle peut se confier à eux pour avoir une certaine sérénité. La paix du cœur, c’est véritablement important, que chacun travaille à être le miroir de l’autre ; si je suis en paix, j’apporte la paix. Cependant, s’il y’a beaucoup de blessures en moi, je transmets ces blessures et je souhaite que chacun guérisse de ses blessures intérieures » Dixit Bénédicte Sawadogo, journaliste à la radiotélévision du Burkina Faso (BF), (RTB).

Dans le cadre de la mise en œuvre du Projet « Se Défendre », Equipop et ses partenaires ont initié une formation de 96h (du mardi 18 au vendredi 21 mars 2025) à l’endroit des journalistes recrutés (pour la mise en place d’un réseau de journalistes féministes).
Pour la chargée de communication chez Equipop (qui est une organisation féministe de solidarité internationale), Priscille Bancé, ces journalistes dans le cadre du projet seront emmenés à produire des contenus et à accompagner des activités féministes en vue de les mettre en lumière (activités) « Depuis 4jours, nous avons discuter sur les concepts tels que les violences sexuelles et sexistes( VSS) , le sexisme, les violences basées sur le genre( VBG), le choix des mots dans le traitement de l’information journalistique, le choix des images, les angles de prise de vue et d’autres éléments techniques qui viennent souvent biaiser la compréhension des lecteurs sur les éléments qu’on traite quant aux droits des femmes ».
Priscille est très satisfaite des échanges qui ont eu lieu entre les journalistes et elle reconnait avoir beaucoup appris d’elles « Les journalistes ont aussi partagé avec nous les difficultés et défis qu’elles rencontrent dans l’exercice de leur fonction et dans le cadre du traitement de l’information journalistique sous un angle féministe. J’ai beaucoup appris avec elles et nous avons appris des unes et des autres.

En plus des nombreux échanges, nous avons fait une mise en situation dans laquelle les journalistes sont revenues sur la pratique quotidienne de leur travail et simulé des émissions (téléradio sur place). Nous avons aussi vu comment intégrer le volet féministe dans la construction d’une émission journalistique. Nous ne sommes pas là pour montrer aux journalistes comment faire leur travail, mais leur montrer comment porter des lunettes genres pour aborder les sujets qu’elles auront à traiter ».
Et en tant que formatrice, Priscille a beaucoup insisté sur le viol, sur l’agression sexuelle et les VBG « et on a remarqué que souvent en lisant les articles sur les viols, on a souvent tendance à avoir de l’empathie pour l’agresseur ou à minimiser ce que la victime a vécu. C’est la raison pour laquelle j’ai beaucoup insisté sur le choix des mots (parce que le choix des mots va influencer la perception que les lecteurs auront de la situation), sur les prises de vues, les angles de traitement, l’environnement dans lequel les éléments sont captés parce que tout cela influence la façon dont les gens vont percevoir la situation vécue par la victime ».
Le projet « Se Défendre » fait suite à un projet « Droit et santé des femmes »(un projet mis en place par IPBF, l’association des femmes juristes et Voix de femmes soutenu financièrement par Equipop) et comme le projet précédent a connu un succès, ces trois ONG regroupées en consortium, ont sollicité un accompagnement( toujours de la part de Equipop) pour renforcer ce projet autour du projet « Se Défendre » qui est un projet d’Empowerment et d’accompagnement de femmes en matière de lutte contre les VSS, a précisé le chargé de projet de l’association des femmes juristes du BF, Boureima Builgo.

Pour Boureima, la mise en œuvre du projet « Se Défendre » vise à soutenir les femmes et leurs organisations dans la lutte contre les VSS et beaucoup d’acteurs sont impliqués dans ce projet « et à travers cette présente formation, c’est vraiment d’accompagner les journalistes dans la production d’articles féministes pourque les journalistes puissent s’engager dans la lutte contre les VSS perpétrées à l’égard des femmes et des filles ».
Il a souhaité en outre que le journaliste apporte sa plume dans une perspective non pas de culture de la violence, mais d’accompagnement et de promotion en droits pour qu’on puisse aboutir à la lutte contre ces VSS « Nous savons que le journalisme ; c’est le 4ème pouvoir et en s’engageant pour le projet « Se Défendre », ils vont contribuer à affirmer vraiment le féminisme en faisant en sorte que les droits des femmes et jeunes filles soient protégés ici au Burkina et ailleurs ».
Des journalistes se sont prononcés à l’issue de la formation.
La journaliste à la radiotélévision du Burkina Faso (BF), écrivaine (elle a écrit trois livres au cœur des mystères révélés sur la spiritualité), psycho thérapeute prany (soigne des personnes souffrant de pathologies émotionnelles, mentales et physiques), Bénédicte Sawadogo qui a postulé en vue d’intégrer le réseau, a remarqué que le féminisme est un sujet d’actualité c’est-à-dire un sujet qui traite un peu des violences sexuelles et sexistes « Cependant, il faut véritablement comprendre le phénomène , comprendre les terminologies et mieux sensibiliser par rapport à la question ».

Pour elle, pour amener les uns et les autres à comprendre ce que c’est que les violences sexistes et sexuelles, il faut d’abord comprendre ce qu’est un journaliste féministe , un journaliste qui s’intéresse aux questions de genre, de la santé sexuelle en mettant véritablement l’accent sur le féminisme « on veut véritablement comprendre et moi j’ai besoin de comprendre afin de pouvoir aider, afin de pouvoir écrire là-dessus, afin de pouvoir faire des émissions et je pense que ces 4jours de rencontre à Ouagadougou, m’ont permis d’avoir des notions de base .J’avais des définitions qui n’étaient pas forcément les bonnes. J’ai beaucoup appris durant ces 96h auprès de mes sœurs, auprès de tous ceux qui étaient là et cela oriente un peu ma façon de travailler, ma façon de voir l’information pour un cas de viol par exemple, soit je suis pour l’empathie pour la survivante ou pour le bourreau ; dois-je traiter cette information tout en étant détachée ? Ce sont des choses à apprendre et à savoir parce que, quoi qu’on dise, c’est une blessure physique, une blessure émotionnelle ou mentale et le viol, tout le monde le sait, ça détruit. Et pour traiter ce type d’information, j’ai besoin de savoir vraiment dans quoi on me met, comprendre les terminologies, l’impact du phénomène, et comprendre comment traiter et c’est ce qui est très important pour moi ».
Convaincue qu’elle peut aussi apporter sa touche pour un réel changement de comportement, Bénédicte a promis d’aborder dans ses émissions les questions de VGB, de VSS et de traumatisme qui seront désormais l’ordre du jour. « Je fais une table ronde à la radio où je parle du couple figé et ces types de sujet méritent d’être traités et par moment, en tant que femmes, nous sommes victimes toutes de violences et on ne s’en rend pas compte. On ne voit pas les signaux puisqu’avant que la violence ne soit fatale, il y’a toujours un petit signal : il y’a tout un processus ; ce n’est pas du tic au tac, c’est peut-être le ton qui est grave au départ, on crie sur toi, demain c’est deux gifles, après on te bat, on te fait dormir dehors, il y’a tout un processus et c’est psychologique et ça détruit et les femmes et les jeunes filles ».
Être journaliste féministe, appartenir à un réseau permet de connaitre des cas, a-t-elle poursuivi « puisque j’ai appris beaucoup de cas. Nous avons compris que beaucoup de femmes souffrent et ce qui est important pour moi aujourd’hui, c’est de m’intéresser aux hommes , m’intéresser aux hommes pour leur dire, c’en est assez ; l’autre élément qui est important, c’est l’éducation à leur base ; nous sommes tous le reflet de notre environnement social , je suis le reflet de mes parents , de mon environnement social, les hommes aussi qui sont violents, sont le reflet de leur vue et la plupart des hommes qui battent leur femme, ont vu leur père dans cet environnement et puisqu’ils ont grandi dans cet environnement ; pour eux, battre une femme, c’est normal. Donc aujourd’hui, il revient aux femmes de savoir éduquer leurs enfants, il revient aux hommes de comprendre que le phénomène est destructeur et que nous devons rééduquer nos garçons ».
Ce qui a incité la journaliste Freelance Ginette Kabré épouse Kaboré

, à postuler pour faire partie du réseau des journalistes féministes , résulte de plusieurs raisons a-t-elle souligné « C’est déjà au regard du contexte burkinabé dans lequel nous sommes où les droits des femmes et des jeunes filles sont souvent brimés , encore accentués par le contexte sécuritaire dans lequel nous sommes et au cours de ces 4jours de formation, j’ai réellement appris sur le mouvement féministe parce que moi-même au départ, je ne comprenais pas ce concept et je me suis rendue compte que j’étais féministe sans forcément le savoir ».
Après avoir beaucoup appris sur le concept du féminisme, après avoir été outillée et aussi avoir appris un peu ce que le projet voudrait en terme de réalisations, Ginette a promis de faire comprendre le féminisme à l’opinion publique et aussi le bien-fondé du mouvement qui ne fait pas la force avec les hommes, à avoir un bras de fer avec les hommes « Nous voulons juste leur faire comprendre qu’il faut respecter les droits des femmes , éviter toutes sortes de violences envers les femmes et les jeunes filles pour une société plus paisible qui donne encore plus de sécurité ».
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