« J’ai retenu essentiellement deux choses concernant les violences sexistes et sexuelles (VSS) au cours de cette formation organisée par Equipop sur l’Approche féministe. Je pensais que lorsqu’on parlait de VSS, elles étaient essentiellement liées au sexe. J’ai beaucoup appris grâce à cette formation puisque je me suis rendue compte que les VSS vont au-delà du sexe, même tout propos adressé à quelqu’un, même avec le ton, un regard, tout cela fait partie des violences. Nous devons vraiment sensibiliser nos frères et sœurs parce que beaucoup blessent sans s’en rendre compte et sans savoir qu’ils sont en train de faire violence. Ce n’est pas seulement les agressions sexuelles, physiques : cependant, le ton utilisé pour parler soit à ta femme ou à ta sœur, à la maison, que ce soit une patronne à sa domestique, il y’a plusieurs paramètres qu’on ne voyait pas. Avec cette formation, j’ai beaucoup tiré profit et j’ai compris pourquoi avec l’Approche féministe, elle parle de l’intersectionnalité qui va au-delà, qui nous montre comment traiter les violences sexuelles, de prendre en compte tous ces différents paramètres » Dixit Annick Egnonlonhoun, chargée de projet en stage à l’Initiative pananétugri pour le bien-être de la femme (IPBF).
Débutée le lundi 22 avril 2024 à Ouagadougou, la formation sur « l’Approche féministe de lutte contre les violences sexistes et sexuelles » a pris fin le jeudi 25 avril 2024.
Au sortir de ces quatre jours de discussions intenses et très enrichissantes, la chargée d’innovation et d’accompagnement à Equipop, Stévie Reine Yaméogo, est revenue sur les principales attentes de Equipop à l’égard des partenaires de mise en œuvre dudit Projet que sont IPBF, l’association des femmes juristes du Burkina Faso (AFJ/BF) et l’ONG Voix de femme.
Pour elle, les principales attentes, c’est de pouvoir arriver à infuser « l’Approche féministe de la lutte contre les VSS » aux partenaires « Comme vous le savez, se Défendre, c’est vraiment un projet qui vise à soutenir les organisations de jeunes Féministes mais aussi les jeunes filles et les jeunes femmes à pouvoir lutter contre les VSS qui sont assez répandues au Burkina Faso (BF), et donc, on a le volet prise en charge, le volet prévention, le volet plaidoyer dans le cadre de l’amélioration des juridictions . Cette formation, c’est une des formations initiales qui vont permettre aux partenaires de mieux pouvoir prendre en charge les victimes en intégrant les Approches féministes qui consistent à se questionner, questionner les rapports de pouvoir qui existent et surtout parvenir à un recul du patriarcat qui est l’une des causes des violences dans notre contexte puisque cette domination est manifestée de toute sorte et la crise sécuritaire vient exacerber ces violences. C’est vraiment que les partenaires aient ce regard dans la prise en charge afin de pouvoir prendre en compte par exemple l’intersectionnalité, de pouvoir aussi avoir une posture de ne pas nuire face aux survivantes, les aider dans leur parcours d’Empowmen sans jugement, sans parti pris, surtout en mobilisant les autres acteurs et actrices à un changement de mentalité qui est favorable à l’égalité homme-femme ».
Des formatrices et participantes se prononcent.
« C’est important de partir de la logique du Projet bâtit autour d’un Consortium de trois ONG burkinabés qui ont une certaine expertise par rapport à la prévention et la prise en charge des violences faites aux femmes, généralement violences basées sur le genre (VBG) et leur collaboration avec Equipop. La démarche était de voir dans quelles mesures Equipop pouvait apporter son expertise pour faire en sorte que ce travail soit beaucoup plus synergique et encore plus transformatif avec les approches féministes et c’est vraiment tout le sens de l’atelier qui était organisé et si vous regardez un peu les différents modules, c’est vraiment pour partir du théorique à l’opérationnel. Et la première démarche par rapport à cela, c’est de faire comprendre à quoi renvoie les violences sexistes et sexuelles (VSS), mais dans cette démarche, il y’a tout un préalable à faire pour savoir ce que ça veut dire d’intégrer le genre, c’est quoi les stéréotypes sexistes, c’est quoi le sexisme, à quoi cela renvoie en termes de pratiques de violences. Vous voyez, lorsque tout cela se réunit à un moment donné, c’est bon de pouvoir donner dans un module au cours d’une session assez méthodologique d’arriver à définir ce qu’est une Approche féministe , que veut dire Approche féministe de violences sexistes et sexuelles et c’est ce qui nous a occupé lors de la deuxième session : on a définit l’Approche féministe, on a fait en sorte qu’on puisse savoir à quoi cela renvoie dans le cadre des violences sexistes et sexuelles et après, on a donné une dimension un peu plus pratique en arrivant à la question de la prise en charge holistique des VSS et le dernier point : vous savez, cette formation est une formation des formateurs et il s’est agi aussi pour nous de réfléchir à la façon dont on peut donner les outils méthodologiques, la démarche , la manière de faire pour que ces partenaires qui ont développé toutes ces discussions avec nous ces trois derniers jours, qu’ils puissent avoir la possibilité, la démarche pour pouvoir mener des formations à leur tour avec ces contenus » Dixit Maïmouna Ndoye, Référente genre et approches féministes à Equipop, bureau du Sénégal, une des facilitatrices et communicatrices .
Les questions liées aux VSS font l’objet souvent de procédures particulières a révélé Maître Solange Gounfo/Zèba, membre de l’ONG Voix de femmes, membre de l’association des femmes juristes, est là dans le cadre de Voix de femmes et faisant partie du pouls d’avocats de cette association chargée de gérer l’aspect « Litiges stratégiques » « C’est le type de procès, pas typiquement de procès. Ce sont les types de dossiers, d’affaires en rapport avec les cas emblématiques de VSS et c’est ce qui est qualifié de litiges d’impacts stratégiques et ces types de litiges prennent en compte non seulement l’aspect judiciaire (c’est-à-dire la gestion du dossier dans les prétoires, c’est-à-dire auprès des juridictions, mais aussi l’aspect extrajudiciaire. La gestion de ces cas hors prétoire et cette gestion hors prétoire ajoutée à cet aspect judiciaire (c’est-à-dire la gestion auprès des juridictions) forment un Ensemble qu’on appelle « Litiges d’impacts stratégiques » ».
À l’occasion de ces litiges, Voix de femmes sera amené naturellement à faire une sorte de communication et à faire principalement du Plaidoyer et le Plaidoyer va non seulement à l’endroit des composantes sociales, à l’endroit des acteurs, mais surtout à l’endroit des acteurs administratif, judiciaires, mais surtout à l’endroit des décideurs et les impacts visés à travers cet aspect non contentieux de litiges stratégiques, c’est d’abord de produire des effets en terme de changements de mentalité, de politiques sur les plans national et institutionnel, sur le plan national et sur le plan normatif c’est à dire impacter la notification de la politique nationale qui prend en compte les questions de VSS, la protection des questions liées aux VSS, et le changement institutionnel qui met en place des structures de protection de ces questions , a-t-elle poursuivi « Le changement normatif, c’est-à-dire la modification des textes de manière à protéger davantage ces questions liées aux violations de ces droits sur les plans sexuel et sexiste et également, un changement sur le plan jurisprudentiel . Jurisprudentiel dans le prononcé de décisions de justice, que la question des VSS puisse être réprimée et que la situation des survivantes puisse être restaurée tant que possible à travers des décisions et travailler à l’application de ces décisions ».
Cette formation vient vraiment nous outiller efficacement dans la mise en œuvre de ce Projet en matière de VSS, d’Approche féministe, s’est réjouie Carine Ouoba, juriste de formation et chargée de projet à Voix de femme dans le cadre du Projet « Se défendre » « Il faut dire que depuis longtemps, nous prestons auprès des survivantes de violences basées sur le genre (VBG) et autres, à travers cette formation, on a compris qu’on n’a vraiment pas pris en compte ces principes qui nous permettent de dire que nos prestations prennent en compte cette Approche féministe parce que l’Approche féministe repose sur beaucoup de principes que nous devons impliquer dans notre prestation et nous nous sommes rendus compte lors de ces formations que ces principes ne sont pas pris totalement en compte et que l’aspect holistique (prendre en charge de façon totale et globale la survivante) est à revoir. Nous avons compris au sortir de ces quatre jours d’échanges fructueux, que nos prestations ne sont pas souvent en globalité puisque nous donnons des prestations qui ne sont pas suffisantes, qui ne permettent pas à cette dernière(survivante) de dire qu’elle est satisfaite ou pas et retrouve ses conditions normales d’avant et dans le cadre de cette formation, on a connu nos limites, nos faiblesses et on sait désormais comment les relever et ce qu’il faut prendre en compte comme l’Approche féministe par exemple et la formation a vraiment situé notre vision de mieux encore lutter pour les droits des femmes ».
IPBF intervient dans ce projet comme partenaire de mise en œuvre aux côtés de deux autres structures que sont l’AFJ/BF et Voix de femmes a expliqué Carine Zongo, chargée de projet à IPBF « Dans ce projet, IPBF intervient sur le volet Prévention des violences sexistes et sexuelles à travers des activités de sensibilisations, de formations et avec les activités de sensibilisation, nous avons des ciné-débats, des théâtres forum avec la troupe théâtrale féministe et nous avons la mise en place d’un réseau de jeunes journalistes féministes qui va servir de communication dans le cadre de nos activités et ce réseau communiquera sur différentes activités du projet notamment sur les ciné-débats, les émissions, et à tout ce qui va concourir à l’atteinte des objectifs du projet ».
Nous avons apprécié la formation de ces quatre jours, parce qu’elle met à niveau tous les membres du consortium par rapport à la thématique de l’Approche féministe et également comment nous allons mettre de façon transversale l’Approche Féministe tout au long du déroulement du Projet au niveau de nos différentes organisations que sont l’association des femmes juristes du BF, Voix de femmes et IPBF (Initiative pananétugri pour le bien-être de la femme), a souligné Benjamine Kaboré/Tapsoba, juriste et responsable de la clinique juridique 1 de l’association des femmes juristes du Burkina Faso (BF) « Dans le cadre du Projet « Se Défendre », l’association des femmes juristes a pour rôle la prise en charge juridique, judiciaire et psychologique des survivantes des VSS .Donc, nous allons les recevoir, les écouter, les conseiller et les orienter pour pouvoir trouver une solution holistique à leurs problèmes ».
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