Violences sexuelles à l’égard des filles et des femmes : Des mécanismes mis en place pour leur prise en charge holistique

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Selon les données de la Direction générale de la promotion de la femme et du Genre du ministère en charge du Genre, 248 cas de viols ont été recensés : ce nombre a grimpé à 294 cas en 2021 et 234 cas de viols ont été signalés et de juin à décembre 2024, le centre ReVie de REFERENCES (Réseau des femmes pour la Réconciliation nationale, la Cohésion et l’Equité Sociale) à Ouargaye dans le Koulpélogo (région du Centre-Est, localité située à 243kms de la capitale Ouagadougou) a enregistré 51 cas de viols. Malheureusement, on assiste à une faiblesse de dénonciations.
C’est suite à ce constat amer que le Réseau des femmes pour la Réconciliation nationale, la Cohésion et l’Equité Sociale (REFERENCES) à travers son projet ReVie, a animé une conférence publique sur la prise en charge intégrale des survivantes de violences sexuelles dans le contexte de crise sécuritaire le jeudi 13 février 2025 à Ouagadougou.
Au cours de cette conférence, les participants ont pu suivre trois panels essentiels :
Le 1er panel est consacré à l’état des lieux qui a consisté à présenter la situation des violences sexuelles dans le contexte d’insécurité, à jeter un coup d’œil sur les textes au niveau de l’Etat notamment la loi 061 et ses défis de mise en œuvre,
Quant au 2ème panel, il s’est agi de s’intéresser à la prise en charge psycho-sociale sanitaire et judiciaire des violences sexuelles
Et le 3ème panel a été consacré au rôle des communautés notamment les organisations de femmes, les chefs coutumiers et religieux et les chefs traditionnels et religieux.
Pour ce qui est du 1er panel, les participants ont pu s’imprégner des défis, résultats et difficultés rencontrés par le Centre ReVie à travers le projet ReVie.
Des résultats, il ressort que de juin à décembre 2024, le centre a reçu 1078 personnes (dont 1048 femmes et 30 hommes), répartis comme suit :
51cas de viols,
150 cas de violences conjugales dont 48 cas de coups et blessures, 855 cas de demandes d’aide (alimentaire, scolarisation des enfants).
Au vu de ce qui précède, il est urgent d’agir ; c’est pourquoi des recommandations ont été formulées à l’endroit des décideurs : la relecture de la loi 061-2015/CNT et l’adoption des décrets d’application pour son opérationnalisation, augmenter le nombre de psychologues et renforcer la formation des intervenants communautaires, organiser des sessions de formations à l’endroit des Forces de défense et de sécurité (FDS) , les volontaires pour la défense de la patrie (VDP) ainsi que les acteurs humanitaires en général sur les protections contre l’exploitation et les abus sexuels (PEAS) afin qu’ils puissent suffisamment en tenir compte dans leur mission, allouer un budget à la prise en charge intégrale des violences basées sur le genre (VBG), mettre en place une commission parlementaire de suivi des mesures gouvernementales relatives aux VBG, accroitre les financements en faveur de la prise en charge holistique des survivantes notamment, localiser et accompagner les initiatives de lutte contre les VBG , notamment les violences sexuelles , tout en encourageant les organisations féminines et communautaires excellant dans le domaine, renforcer les campagnes de sensibilisation, créer un fonds d’urgence pour les survivantes… .
Au niveau de la mise en œuvre de la loi n°061-2015/CNT du 06/09/2015 portant prévention, répression et réparation des violences à l’égard des femmes et des filles et prise en charge des victimes, il faut noter que bien qu’elle protège les filles et les femmes des violences sexuelles, cette loi rencontre des difficultés notamment l’absence de décret d’application, persistance des pesanteurs socioculturelles, insuffisance des ressources au regard des multiples priorités du pays en rapport avec le contexte sécuritaire et humanitaire.
Pour ce qui est de la prise en charge sanitaire, psycho-sociale et judiciaire des survivantes de violences sexuelles en situation de crise humanitaire au Burkina Faso (BF), il faut retenir que plusieurs actions sont menées pour une prise en charge holistique de cette cible.
Le 3ème panel a été consacré au rôle des communautés notamment les organisations de femmes, les chefs coutumiers et religieux et les chefs traditionnels et religieux : tous sont organisés afin de venir à bout contre ce fléau qui gangrène la société.
Professeur Charlemagne Ouédraogo,

gynécologue obstétricien et spécialiste en santé sexuelle et reproductive qui a donné une communication relative aux violences sexuelles que subissent les jeunes filles et femmes, s’est prononcé.
Dans sa communication, il est revenu sur les différents cas de violences sexuelles et a déploré le fait qu’il y’ait aussi des bébés (il a reçu une fillette de trois ans qui a été abusivement violée et heureusement a été sauvée et sa vie hors de danger. Il a souhaité de vive voix que celle-ci ne se souvienne de rien vu le traumatisme subi puisque cela pourrait jouer négativement sur son mental. À la question de savoir si son bourreau a été arrêté, il a répondu non en rassurant que les enquêtes sont toujours en cours pour l’arrêter) qui en compatissent.
Dans son allocution, il a rassuré en insistant sur le fait que le gouvernement et ses partenaires ont pris un certain nombre de mesures pour accompagner les personnes victimes de violences sexuelles.
C’est pourquoi, il invite les survivantes à aller très rapidement vers la 1ère formation sanitaire sans se nettoyer auparavant pour permettre d’avoir les preuves de l’agression sexuelle pour qu’au qu’au-delà des soins qu’on va leur donner, qu’on puisse entamer une procédure pour une manifestation de la vérité afin de rechercher l’agresseur et que ces personnes sachent que quand elles consultent tôt, la prise en charge est encore meilleure « on peut donner des produits pour éviter des grossesses non désirées, on peut donner des ARV (anti rétroviraux) pour éviter que la personne ne contracte le VIH ou d’autres IST(infections sexuellement transmissibles).
Quand on est victime de violence, il faut aller très rapidement vers les structures de santé, mais ne pas se renfermer sur soi-même en pensant qu’on est sale, qu’on est exclu de la société. Il ne faut pas se stigmatiser soi-même puisque c’est un accident qui peut arriver à tout le monde, c’est une situation dramatique que chacun peut rencontrer. Alors, il ne faut pas qu’elles pensent qu’elles sont des laisser pour compte et des exclues de la société ».
Au cours de la conférence, les participants ont pu suivre un documentaire réalisé par REFERENCES qui fait ressortir les conséquences néfastes des violences sexuelles à l’endroit des filles et femmes et surtout l’abandon de celles-ci par leurs maris une fois que ce dernier se rend compte que sa femme a été violée par un inconnu. Au lieu de la soutenir, il préfère s’en débarrasser puisque selon lui, c’est une honte.
REFERENCES doit accentuer les sensibilisations à ce niveau afin que les maris sachent que leurs femmes violées ont besoin de leur soutien, de leur amour pour se relever et continuer à vivre.

              benedicteoued@gmail.com

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