Sarah Maldoror, pionnière du cinéma panafricain, engagée dans la lutte pour les indépendances, a été emportée par le Covid-19 à l’âge de 90 ans.
Sarah Maldoror est morte, emportée par le Covid-19, le 13 avril, à Saint-Denis, dans la banlieue nord de Paris. Ainsi disparaît, à l’âge de 90 ans, une grande figure du cinéma africain et des luttes pour l’indépendance des États africains. Deux causes auxquelles elle a consacré l’essentiel de sa longue existence, même si son engagement au service de la culture noire, mais aussi de toutes les cultures, l’a menée, à l’occasion, vers d’autres cheminements artistiques.
Franco-Antillaise née en 1929 à Condom, dans le Gers (sud-ouest de la France), d’un père guadeloupéen, elle est généralement considérée, à juste titre compte tenu de son parcours, comme une pionnière du cinéma africain. Grâce à son film Monangambée, réalisé dès la fin des années 1960 et qui traite de la torture pendant la guerre d’Algérie, elle compte parmi les premières cinéastes du continent.
Sa carrière commence après son arrivée, jeune, à Paris, dans le milieu du théâtre. Née Sarah Ducados, elle choisit pour nom de scène Maldoror, en hommage au poète Lautréamont, auteur des Chants de Maldoror et considéré comme un précurseur du surréalisme.
Décoloniser la pensée
Après avoir joué de petits rôles qui lui permettent de mesurer les immenses difficultés alors rencontrées par tous les comédiens noirs pour obtenir des emplois, elle fonde en 1956 « Les Griots », première troupe noire dans la capitale française, aux côtés de l’Haïtienne Toto Bissainthe, de l’Ivoirien Timité Bassori et du Sénégalais Samba Babacar. Une compagnie qui jouera notamment La Tragédie du roi Christophe, d’Aimé Césaire.
Au tout début des années 1960, Sarah Maldoror obtient une bourse pour aller étudier le septième art dans la célèbre école VGIK, à Moscou, où elle croise le Sénégalais Ousmane Sembène. Déjà, elle estime que le cinéma constitue une arme permettant d’éveiller la conscience des populations opprimées et de décoloniser la pensée.