Comme en 2018, Opinion Internationale publie une série hebdomadaire de portraits d’une vingtaine de femmes scientifiques en Afrique récompensées par le Prix des Femmes dans la science l’Oréal – UNESCO. Ce prix prestigieux permettra aux lauréates d’obtenir des fonds et une visibilité mondiale qui sont nécessaires à toute recherche scientifique. Ces jeunes doctorantes sont toutes en passe de devenir de grandes scientifiques.
Issue d’une famille d’enseignants en sciences physiques, Stéphanie Konan a effectué ses études secondaires dans la ville de Daloa, en Côte d’Ivoire. Après un baccalauréat obtenu en 2009, elle initie son parcours supérieur en géographie. En 2011, suite à la crise post-électorale en Côte d’Ivoire et à la fermeture de son université, elle se réoriente vers l’informatique, tout en poursuivant parallèlement une licence en géographie.
Elle perçoit alors l’opportunité de rapprocher géographie et informatique en les mettant au service d’une cartographie interactive, pouvant déboucher sur des applications concrètes. « J’ai vu l’infinie possibilité qu’offre la géomatique et ce qu’elle peut apporter en termes de recherche et de développement. »
Lors de son master, elle intègre le laboratoire Littoraux Mers et Sécurité alimentaire (LIMERSAT), où elle travaille à la création d’un système d’information géographique (SIG), afin de contribuer à éradiquer la malnutrition infantile (SIG-MALNUTRITION). Elle y demeure pour son doctorat et prévoit de soutenir sa thèse d’ici à la fin de l’année 2019. « Nous sommes confrontés à un problème de santé publique majeur en Côte d’Ivoire. Malgré les efforts que déploie l’État à travers le Programme national de nutrition, la situation épidémiologique demeure préoccupante avec une accentuation dans le Nord du pays, où la prévalence frôlait 30 % en 2016. » Stéphanie Konan a également achevé un cycle d’ingénieur en génie logiciel et réseaux télécommunications.
La malnutrition est une pathologie grave et le dépistage des cas de malnutrition infantile, grâce à une localisation géographique au moyen d’une application mobile et d’un mécanisme d’alerte précoce pour les urgences nutritionnelles, pourrait contribuer à éradiquer ce fléau. « Parmi les causes de malnutrition, il y a le manque d’éducation des mères dans le Nord du pays. Pour moi, qui viens d’une famille éduquée, avec des rôles-modèles féminins forts qui m’ont accompagnée et soutenue tout au long de mon cursus, je mesure ma chance. Aussi, je souhaite mettre mes recherches au service de mon pays et, aller même au-delà. Comme l’Afrique est très connectée du fait de la multiplication des téléphones portables, il est relativement aisé de mettre au point des applications et de les expérimenter. »
Ainsi, l’outil que Stéphanie Konan a mis au point intègrera un volet de sensibilisation avec des images et des contenus en langue locale, proposant des régimes alimentaires fondés sur la disponibilité géographique et saisonnière des aliments locaux. « En plus d’enseigner, je me vois aussi travailler pour des organisations internationales et m’impliquer dans la vie publique, car l’essentiel est d’être utile. »
Michel Taube